Essai Renault Espace : rien ne change… et c’est ça qu’est bon !

Un air de famille… ?

Vous êtes un assidu lecteur de La Revue Automobile ?
En regardant les premières photos, vous vous dites qu’ils ont eu une indigestion de pasteis de nata ou de bacalhau à Brás ?
Ou encore qu’ils ont largement abusé de la blonde locale… la Super Bock ?

Eh bien, non… Ne vous y trompez pas.
Nous avons bien pris en main l’Espace 6e du nom, et non le dernier SUV compact de la marque, le Renault Austral. Mais c’est vrai qu’il faudra avoir un œil averti pour différencier ce nouvel Espace de son petit frère.

La face avant est quasiment la même.
Elle reprend la grosse calandre à barrettes, laissant trôner en son centre le nouveau logo de la firme de Boulogne. Les optiques sont toujours aussi effilées et mises en valeur par les signatures lumineuses LED en forme de « C ». Du côté de la poupe, c’est la même histoire, avec une malle rectangulaire et massive largement mise en avant via la bande de feux courant sur la largeur de celle-ci.
Il faut se pencher sur le profil pour appréhender la différence entre l’Austral et l’Espace. Ce dernier est plus long de 21 cm, qui sont surtout localisés sur le porte-à-faux arrière et sur l’empattement. Celui-ci s’accroît, pour s’enorgueillir d’une longueur de 2,74 m.
C’est ainsi que l’on comprend que ses 4,72 m de longueur sont dévolus à ses occupants. Qu’ils soient 2, 3, 4, 5, voire 6 ou 7 avec les 2 sièges repliables dans le coffre, l’Espace veut offrir de « l’espace à vivre ». Ce n’est pas tout : la soute à bagages est capable d’accueillir jusqu’à 777 l de bagages en tout genre en configuration 5 places et banquette coulissante avancée au maximum. Un ami déménage ? Eh bien, cet Espace peut embarquer 1 818 l une fois tous les sièges rabattus. En configuration 7 places, le coffre se limite par contre à 159 petits litres.

Et le cockpit alors ?

Soyons francs et n’y allons pas par quatre chemins.
L’espace reprend sans vergogne l’ensemble du mobilier du dernier Renault Austral. Le dessin est moderne, les plastiques qualitatifs et le tout y est bien ajusté. On retrouve au centre de la planche de bord et derrière le volant le fameux système multimédia OpenR construit en collaboration avec Google et sa filiale Android Automotive.
C’est l’un des atouts majeurs de ce nouvel Espace, car il est, sans nul doute, le plus simple et efficace d’utilisation du marché.
Et pour cause, la plupart des applications qui se trouvent sur votre smartphone, comme mon meilleur ami Waze, ou bien Spotify pour la musique, sont directement à portée de doigts. Sauf qu’ici, pas besoin de connecter un téléphone, tout est directement intégré aux écrans de 12 pouces, ce qui rend le système ultra réactif ! Toutes les fonctions peuvent également être commandées par la fameuse commande « OK Google ». Bref, un régal !
Cerise sur le capot, vous pouvez également lier votre smartphone, qu’il porte le logo de la pomme ou qu’il tourne sous Android via un câble ou en simple Bluetooth.

Et son cœur ?
Eh bien, là aussi, il fait dans le copier-coller vis-à-vis de son petit frère l’Austral. Du moins, question moteur haut de gamme, car cette 6e génération d’Espace ne sera disponible qu’avec la motorisation E-Tech full hybrid de 200 chevaux.
Ce groupe motopropulseur associe un tout nouveau 3 cylindres essence de 1,2 l à un moteur électrique de 70 chevaux et à un second cumulant plus d’une trentaine de chevaux. Les deux bougres tirent leur énergie d’une batterie de 2 kWh, cachée sous le plancher. Elle permet de déplacer les 1 587 kg de ce SUV jusqu’à 100 km/h en 8,4 secondes. En matière de consommation, Renault annonce une moyenne de 4,6 l/100 km, ce qui le gratifie de seulement 104 g de CO2 par kilomètres. Tout comme son petit frère l’Austral, l’Espace use d’une boîte automatique totalement originale à crabots et chipe la technologie 4CONTROL, qui sera bien pratique pour manœuvrer ce SUV de 4,72 m de long dans les ruelles de Porto. Car c’est bien ici, au pays de ce spiritueux, que nous avons pris en main le nouveau modèle de la marque au losange.

Sous les pavés, la plage…

L’avantage de prendre en main l’Espace dans cette superbe région de Porto, c’est que dès la sortie de l’aéroport, on est en action. Les premiers kilomètres nous font prendre les belles routes du littoral et la direction du centre-ville. Si le paysage est de plus en plus pittoresque, avec des maisons qui se colorent en rouge, bleu, voire rose, le bitume laisse place aux pavés. Ici, on comprend assez vite que les ingénieurs du losange ont bien revu les lois d’amortissement de l’Austral pour offrir un chouia plus de confort à l’Espace.
Cela dit, on est loin d’un effet « tapis volant » façon Citroën. Le confort reste un peu ferme à mon goût pour ce genre de véhicule. Par contre, la souplesse du moteur et de la boîte de vitesses fait des merveilles. Sans rien faire, ce duo gère et optimise au maximum l’usage de la fée électricité pour rouler avec le moteur électrique. C’est certainement ce qui explique que l’ordinateur de bord annonce ici une consommation oscillant entre 4,5 et 5,5 l aux 100 km.
Un prodigieux score pour un engin tel que l’Espace !

Enfin, n’oublions pas que dans ces villes millénaires, il n’est pas toujours aisé de circuler dans les petites ruelles « tournicotantes » et escarpées. Surtout avec un engin d’un gabarit aussi long que cet Espace. Sauf que le SUV dispose de série, du moins dès la seconde finition, du système 4CONTROL pour le rendre aussi agile qu’une citadine polyvalente.
À faible vitesse, ses roues arrière tournent dans le sens opposé du train avant. Du coup, l’Espace braque aussi bien qu’une Clio !
C’est magique…

Après cette escapade urbaine, nous voilà sur les rives du fleuve Douro. Les péniches et bateaux à touristes remontent cette icône culturelle portugaise pour profiter du spectacle des vignes et des grandes maisons de vins de Porto. Nos routes abandonnent les pavés pour du bitume, et surtout pour des enchaînements de courbes et de virages qui pourraient faire de cet endroit un circuit automobile à ciel ouvert. Ce lieu verdoyant de nature ouvre les voies respiratoires de l’Espace en mode « Sport ». À chaque accélération, le moteur et la boîte font en sorte de pousser les occupants dans le fond de leur siège. Le freinage est assez endurant et peut même s’accompagner du système de récupération d’énergie au freinage via la palette au volant. La direction est précise et peut compter sur le 4CONTROL pour l’aider à enrouler les épingles, un peu à la façon d’une petite sportive. L’Espace est vraiment étonnant dans ce contexte et dévoile une tenue de route hors du commun. D’ailleurs, cette impression se confirmera sur les autoroutes de l’arrière-pays.
Elles sont connues, et même réputées, pour leurs tracés exceptionnels, passant d’un long gauche à une belle descente, puis à un côte tirant vers la droite, le tout sur 3, voire 4 voies.
On savait que le châssis était équilibré à haute vitesse. Mais sur ces portions de route où l’essieu arrière tourne dans le même sens que les roues avant pour améliorer la stabilité en virage, cela devient stupéfiant d’efficacité. L’Espace enroule les courbes sans difficulté et semble, tout comme moi, adorer prendre ces jets latéraux.
Bon, le problème, c’est que de la petite et raisonnable consommation moyenne qui tournait aux alentours de 5,5 l aux 100 km, on passe allègrement les 8 litres dans ce cas. On se doute qu’avec un peu plus de parcimonie sur la pédale de droite, elle pourra descendre largement sous les 7 litres.