Après l’essai de l’Audi RS3 berline d’hier, en demi-teinte malgré son fabuleux moteur 5 cylindres, c’est donc sur le circuit du Castellet, dans le sud de la France que j’ai rendez-vous pour cette courte prise en main. Il est 8 h 45 du matin lorsque j’y arrive, la météo est idéale avec un ciel bleu, un temps sec et une température ni trop basse ni trop élevée. La chance est de mon côté, mais ça m’enlève une bonne excuse pleine de mauvaise foi si jamais je me rate, tant pis.
Les pilotes-instructeurs sont déjà à pied d’œuvre sur la piste, afin de peaufiner divers réglages tels que la pression des pneus, l’ajustement des amortisseurs 3 voies ou l’incidence du gros aileron à l’arrière. Tout est fait pour que nous puissions effectuer cet essai dans les meilleures conditions. Autant dire encore une bonne excuse pleine de mauvaise foi qui s’évapore.
On fait monter la pression…
… Pas celle des pneus, la mienne ! Je passe par les vestiaires afin de me vêtir pour l’exercice. Le pilotage, c’est comme une boîte sélecte, la tenue jeans-basket est refoulée à l’entrée. J’enlève tout, ou presque, afin de me mettre dans la peau d’un pilote, ou plutôt dans sa seconde peau : la combinaison. Jambe gauche, jambe droite, les deux bras puis je remonte le tout sur mes épaules. Je ferme la grande fermeture éclair, de bas en haut, faisant monter la pression en même temps que la tirette. On me fournit des gants de pilotage, une cagoule, un casque et un HANS (Head And Neck Support). Je n’enfile rien de tout cela dans l’immédiat, je n’en ai aucune utilité pour le briefing !
Là, on nous explique sommairement la piste, que je ne connais pas du tout ainsi que la voiture et ce que l’on va devoir faire : piloter sur cette piste de 3,8 km une vraie voiture de course.
C’est donc une Audi RS3 LMS TCR qui sera ma cavalière pour mon bal des débutants, une machine de 350 ch pour seulement 1 100 kg à sec, équipée non pas du cinq cylindres de la version de route, mais d’un quatre cylindres 2,0 TFSI ainsi que d’une boîte de vitesses DSG à 6 rapports. Les performances font état d’un 0 à 100 km/h en 4,5 secondes et d’une vitesse maximale de 265 km/h, rien de très impressionnant, sans parler de modèles sportifs haut de gamme, même la RS3 de route fait mieux.
N’empêche, je ne fais pas le malin lorsque l’instructeur m’amène à la voiture aux ailes considérablement élargies, à la lame avant proéminente frôlant le bitume de très près, au capot largement ajouré ou encore à son habitacle totalement dépouillé où deux sièges baquets se sont fait une petite place au milieu d’un arceau-cage complet. Il en retire le volant afin de m’expliquer les différents boutons qui se trouvent dessus, dont aucun ne me servira par la suite, puis m’invite à me glisser à l’intérieur.
Liberté chérie
C’est sportif ! Sur la piste je ne sais pas encore, mais faire rentrer mon mètre quatre-vingt-dix-sept entre le toit et l’arceau, pour sûr. Une fois fait, je me retrouve dans un siège baquet à l’excellent maintien, mais qui m’accorde une liberté de mouvement que je n’imaginais pas. Comme toute bonne liberté, elle m’est rapidement enlevée une fois que je suis très fermement sanglé dans le harnais 5 points. Une à une, un aide accroche les diverses sangles du harnais, d’abord au niveau des jambes, puis des épaules. Je suis serré et bien tenu, mais il semblerait que ça ne suffise pas, alors chaque sangle est méticuleusement tendue au maximum, me plaquant littéralement contre mon dossier et me tassant sur mon siège… Je peux réellement conduire comme ça ? J’ai l’impression de ne pouvoir strictement rien bouger, engoncé dans mon siège, les épaules tassées, le pédalier et le volant très près. Un instant, j’oublie la pression que je me suis mise tout seul et ne pense qu’à mon confort perdu, jusqu’à ce que l’on me demande d’appuyer sur le bouton rouge.
Quatre petits tours et puis s’en va
Ça vibre, ça vit, ça fait du bruit et ça fait envie. Je passe en mode Drive via l’étonnant levier de vitesse issu d’une voiture de série et dénotant dans cet univers spartiate, puis tire sur la palette de droite. Une légère secousse me confirme que la RS3 LMS est prête. J’agrippe mon volant et appuie en douceur sur l’accélérateur, le temps de sortir des stands.
Une fois fait, j’accélère et trouve immédiatement le rupteur à 7 000 tr/min. Non, ce n’est pas une boîte de vitesses automatique, oui il me faut passer les vitesses moi-même. Petit oubli tant je suis accaparé à sentir la voiture, à regarder partout, content d’être là. Ce rappel à l’ordre sonne l’arrivée de ma concentration. Premier freinage, sans aucune assistance, j’écrase le frein comme il m’a été conseillé, beaucoup trop fort, beaucoup trop tôt. De fait, j’arrive sur le premier virage avec peu de vitesse, tourne à peine mon volant que la voiture tourne immédiatement, plongeant littéralement à l’intérieur de la courbe, me demandant de déjà rouvrir le volant afin de me diriger vers mon point de sortie. Décidément, entre un freinage très ferme et un volant très direct, il va falloir doser.
Quelques virages et courbes plus loin, je commence à être plus à l’aise et l’instructeur m’incite à augmenter le rythme. Mes mouvements que je pensais très limités sont largement suffisants pour cette direction très directe et précise et ma jambe droite commence à doser freinage et accélération. D’ailleurs, celle-ci n’est effectivement pas impressionnante, au contraire de tout le reste.
Le grip pour commencer semble sans limites avec les pneus slick, le bruit très présent participe totalement à l’ambiance course, tout autant que le volant à la consistance ferme et à la précision chirurgicale. À la fin de mon deuxième tour, au bout de la ligne droite, j’effectue un gros freinage bien dosé qui me vaut les félicitations de mon instructeur. Je suis content, je suis satisfait, je suis bon. Du coup, virage suivant je suis détendu, je suis confiant, et je rate mon freinage. Rien de très grave, la vitesse étant faible ici, mais le rappel à la concentration est immédiat. Les virages suivants, échaudé par cette mésaventure pourtant sans conséquence, je la joue petit bras, freinant toujours un peu trop tôt et perdant du temps à me remettre dans le bain. Alors que du temps, je n’en ai que trop peu.
De nouveau la ligne droite, j’en profite pour refaire le plein de confiance avant d’arriver à près de 230 km/h avant de prendre les freins très tard avec un bon dosage, posant la voiture sur ses appuis. Je me jette sur le vibreur, la RS3 LMS très rigide me le fait bien sentir puis je réaccélère en même temps que je remets mes roues droites. Point de satisfaction cette fois, juste l’envie de faire un tour correct. Les limites de la voiture sont bien au-delà des miennes, la direction est décidément un régal et je me prends au jeu, la LMS étant plutôt facile et ludique bien que je garde toujours de la retenue. Mais même ainsi, je prends conscience de ce qu’est une véritable voiture de course, avant de déjà rentrer au stand, à la fois heureux et frustré.
Frustré que ce soit si court, frustré de ne pas m’être libéré et d’avoir trop eu peur d’aller à la faute, mais heureux de savoir enfin. Une voiture de course, même si elle n’impressionne pas sur le papier comme cette Audi RS3 LMS TCR, évolue dans un autre monde que n’importe quelle voiture de sport de série. Tout est différent, le confort est une notion totalement absente, tout comme la praticité et l’ensemble des commandes demandent une bonne poigne. Le châssis très rigide fait remonter des informations jusque-là inconnues, distille des sensations plus fortes et nous fait sentir bien plus proche de la voiture. Tout ça, alors qu’il ne s’agit « que » d’une TCR à 109 000 € hors taxe et largement accessible en terme de performances.
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