Elle est là qui m’attend, dans sa robe jaune éclatant, tranchant singulièrement sous ce ciel d’orage, si près du sol et si petite que je pourrais l’enjamber. Hors de question de le faire cependant, depuis 5 semaines je ne pense qu’à elle, je ne parle que d’elle alors simplement l’enjamber sans un regard, que nenni. Bien au contraire, je m’empresse de monter dedans, ou dessus, je ne sais pas trop. Ce dont je suis sûr, c’est que je me retrouve bien maintenu dans l’espace exigu, collé au siège par le harnais quatre points. Je fais ainsi face au minuscule volant, et mes pieds trouvent des pédales idéalement espacées. Je suis bien loin des problèmes que j’avais eus sur la Caterham 165, celle du jour offrant un châssis large. Je ne m’appesantis pas plus, j’ai rendez-vous demain sur le circuit des Écuyers à Beuvardes, mais d’ici là, j’ai de l’autoroute pour rentrer en région parisienne et j’espère encore éviter la pluie qui menace.
Retour sous le signe du dilemme
Malgré la taille réduite de la Caterham, je ne passe absolument pas inaperçu et récolte un nombre considérable de témoignages de sympathie et autres moues appréciatrices. Je quitte ainsi la métropole lilloise pour monter sur l’autoroute A1, sous un ciel de plus en plus menaçant et la capote sagement roulée, bien à l’abri, dans le coffre minuscule. Je me félicite d’avoir pris un bonnet, mais m’en veux de n’avoir apporté ni lunettes ni boules Quies. Au bout de 80 km, arrive ce qui devait arriver. Lasse de jouer l’Arlésienne, la pluie entre en scène et éveille en moi certaines craintes. Une propulsion de 240 ch pour 525 kg sans aucune aide à la conduite n’est pas des plus simples sous la pluie. En fait de 240 ch, je n’en ai que 200 depuis le début, n’ayant pas activé le mode sport, mais ça ne me rassure pas pour autant.
Je réduis donc considérablement ma vitesse, ce qui a pour effet de laisser la pluie entrer dans l’habitacle, mouillant tout ce qu’elle trouve et se permettant, contre ma volonté, de finir sa course dans mes yeux. Outre le fait que ce ne soit pas agréable, c’est également dangereux. Je dois faire un choix entre être mouillé en roulant à faible allure ou hausser le rythme pour éviter de transformer la 485 S en baignoire. J’oscille entre ces deux choix, ayant rapidement rejeté la fastidieuse pose de la capote. Finalement, l’envie de rentrer sec l’emporte et je surprends une Caterham révélant un comportement étonnamment sain et tenant le cap à bonne vitesse sans aucun souci. Pour autant, je me tiens bien loin de la vitesse maximale de 225 km/h. Ce bon choix m’amène chez moi plus vite et quasi sec. Je pose vaguement la capote pour protéger l’intérieur et la laisse là, esseulée, pour la nuit.
Caterham 485 S : La piste, son élément naturel
Au matin, si quelques nuages gris encombrent le ciel, les risques de pluie semblent très faibles, ce qui me met de bonne humeur pour rejoindre le circuit à une quinzaine de kilomètres de Château-Thierry. Après mon essai de la Lecart Electric Race, la piste m’est totalement libérée, me voilà seul, au volant de ma Caterham 485 S, prêt à en démordre avec les 3,5 km et 19 virages du tracé. J’enclenche le mode Race, me permettant de profiter du régime moteur maximal de 8 500 tr/min, du troupeau complet et des 207 Nm. Je débute par un tour de chauffe, puis augmente la cadence. J’écrase les freins au bout de la ligne droite, le blocage des roues me rappelle l’absence d’ABS, mais la 485 reste très stable. Je place le train avant à la corde du grand droite qui suit puis écarte rapidement dans la descente afin d’être bien placé pour le prochain droite. Le frein moteur de la Caterham est tellement fort qu’un simple lever de pied me permet de placer la Cat’ dans ce virage rapide, avant de sauter sur les freins pour le prochain droite. La Caterham me met en confiance, alors j’attaque plus fort lorsque je sens l’arrière qui veut passer devant…
… En fait, l’arrière est passé devant et m’emmène gentiment sur le bord de piste détrempé, de quoi me maculer de terre et d’herbe. Je ne suis pas sorti d’un mètre que la sentence est marquante, il va falloir être plus attentif. Ce n'est pas grave, comme disait Mario Andretti, pilote de F1 Si tout semble sous contrôle, c'est juste que vous n'allez pas assez vite. J’y retourne, le couteau entre les dents. Le minuscule levier de vitesse au débattement hyper court est une merveille à utiliser et le 2,0 litres atmosphérique toujours plein est simplement grandiose. Il passe par trois phases : plein et réactif à bas régime, il relance avec rage passé 4 000 tr/min pour remettre un dernier coup juste avant la zone rouge, quelle vigueur ! Trop occupé par cette constatation, je m’offre très rapidement mon deuxième tête-à-queue ! Décidément, cette 485 S se révèle aussi géniale qu’exigeante.
Petit à petit, je comprends le fonctionnement, si je lève un peu trop le pied ou si j’accélère un peu trop fort, ou trop tôt, l’arrière passe devant. Les tours s’enchaînent, les virages se prennent mieux, les pirouettes se raréfient, laissant la place à un plaisir intense. La Caterham me renvoie toutes les informations, m’obligeant à tout traiter très vite le tout perturbé par les remous d’air, le bruit assourdissant et les vibrations. Une fois mieux prise en main, j’arrive à la faire glisser des quatre roues sur certains virages rapides où je suis à l’aise, pour ressortir très fort et accélérer dès que les roues sont droites et ont repris du grip. C’est une sensation absolument extraordinaire que très peu d’automobiles savent vous apporter. Sur d’autres virages plus serrés, je place l’arrière sur une saine dérive tandis que le train avant reste soudé au sol. Je sens que je peux faire tout ce que je veux de la voiture, je suis seulement limité par mes capacités et le manque de temps pour me perfectionner.
La Caterham 485 S offre nettement plus de sensation que la Caterham 275 S, avec un 0 à 100 effectué en à peine 3,4 secondes, un comportement moteur assez fou et une puissance très largement supérieure qui demande un temps d’apprivoisement non négligeable. La 275 conviendra à bien plus de monde, la 485 étant à réserver aux personnes pratiquant le circuit régulièrement et ayant déjà une certaine expérience.
Note : 20/20
Bien vu :
- Performances démentielles
- Hyper ludique
- Moteur toujours plein
- Capital sympathie
À revoir :
- Le prix (environ 60 000 €) ?
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