C’est sur le circuit de La Ferté-Gaucher, en Seine-et-Marne, que le rendez-vous m’a été donné. Le trajet jusque-là, avec ma voiture personnelle, sous une pluie battante fait monter le doute en moi, en même temps que la pression. Non pas que je sois de nature peureuse ni que les moteurs puissants m’effraient, mais la Mustang est depuis toujours réputée chasser facilement et j’avais déjà pu le vérifier… sur sol sec. Autant dire que le V8 de 5 L ne rassure pas mon envie de bien faire, et le couple considérable de 530 Nm encore moins.
Bon, j’exagère un peu et lorsque j’arrive sur place mon excitation ne fait qu’augmenter en découvrant une très jolie Mustang GT Fastback rouge Racing. Son nom comme son dessin rappellent les premières Fastback et leur arrière fuyant. L’avant se montre plus agressif que ce que je pensais en photo, elle en impose et je ne saurais nier ses racines. Un bref coup d’œil à l’intérieur me donne le sourire, elle est en boîte mécanique, toutes les conditions sont réunies pour qu’il y ait du sport.
Après un rapide briefing, je pars en passager d’un pilote professionnel. Il démarre et là… je suis un peu déçu, j’attendais du gros V8 qu’il glougloute, c’est quand même la marque de fabrique des Muscle Cars, mais ce n’est pas vraiment le cas. Le V8 est là, je soupçonne qu’il cube gros, mais il me manque un petit quelque chose. Le pilote m’explique que le train arrière reçoit enfin de vraies suspensions et que, par conséquent, ce dernier se retrouve nettement plus stable. Là, je me dis que tout se perd : pas de glouglou et un train arrière stable, le monde ne tourne plus rond ! Je sens une larme couler le long de ma joue. Mais soudain, le miracle se produit ! Arrivé au premier virage, le pilote nous met en travers, me filant un large sourire. C’est plus stable d’accord, mais ça reste joueur !
À la fin de ces quelques tours de mise en bouche, où je me suis vu expliquer, preuve à l’appui, qu’il était également tout à fait possible de piloter proprement, me voilà donc à échanger ma place avec le pilote. Ce dernier a, par ailleurs, légèrement oublié de remettre les aides et a pris grand soin de ne pas me prévenir, nous le verrons plus loin. Je me saisis du levier de vitesse et enclenche la première. La boîte est rugueuse, exactement l’idée que je m’en faisais et après avoir engagé deux rapports supplémentaires je peux affirmer qu’en plus elle est bien guidée. Le V8 me pousse gentiment au derrière, il faut dire que j’y vais en douceur pour commencer. Au premier virage, je freine avec légèreté, du moins je le croyais... En fait, le freinage est mordant et me voilà sans aucune vitesse au moment de négocier la courbe, que je vivrai sans la moindre frayeur du coup. Ce cher pilote, assez espiègle, qui me tient compagnie me propose de prendre plus de vitesse et d’assurance, de freiner plus fort et plus tard et de rentrer plus vite dans le virage. Je l’ai vu faire juste avant, je sais que ça passe.
Du coup, ça passe vraiment ?
Ça passe oui, mais non sans un soupçon de glisse. Un gros soupçon même. J’avais peur que ça ne glisse pas, me voilà servi, sous l’œil amusé de mon ami le pilote espiègle. Effectivement, ça glisse et je ne sais pas encore comment j’ai fait pour rattraper la Mustang. Au fur et à mesure des tours, je comprends le fonctionnement, il est finalement assez simple : quand la voiture commence à glisser, il faut doser l’accélérateur avec justesse. Si vous levez le pied brusquement, la voiture ne va pas là où vous voulez et si vous mettez trop de gaz, même punition.
Je n’en oublie pas que je suis venu dans l’idée de piloter proprement et m'attelle donc à la tâche. Le freinage est puissant, avec une bonne attaque de pédale et je me surprends à taper dans les freins bien plus tard que ce que je n’imaginais d’une Mustang et de ses 1720 kg. Ce poids se fait néanmoins sentir en courbe, m’interdisant tout excès, tout comme le couple prêt à faire chasser l’arrière. Je sens tout de même qu’elle n’excelle pas sur la piste, c’est une pure GT, faite pour cruiser. Pour autant, elle m’aura prouvé qu’elle s’en sort avec mérite sur la piste et qu’elle sait y être très amusante. Entre nous, qui achèterait une Mustang Fastback GT dans l’optique de faire de la piste régulièrement ?
Le résultat de cette journée, c’est que la Mustang GT a progressé, mais sans perdre son âme, sans rien perdre de la fougue du cheval sauvage dont elle a fait son nom. Les amoureux du modèle s’y retrouveront et elle saura en conquérir d’autres. L’intérieur également a progressé, mais ça reste typé américain, un peu cheap en somme. Mais pouvons-nous vraiment le lui reprocher alors qu’elle nous offre un gros V8 de 421 ch pour 42 000 € ?
Note : 14/20
Bien vu :
- Gros V8
- Freinage
- Prix
A revoir :
- Poids
- Matériaux intérieur
2020 25585 km Manuelle Diesel
2021 52064 km Automatique Essence