Le dernier bol a magny cours un grand millesime de rebondissements

De mémoire d'anciens baroudeurs de l'endurance moto, on n'avait jamais vu une course offrant autant de rebondissements et choisissant pour la victoire, l'équipage dont tout le monde pensait qu'il était moribond.

Kawasaki : chevauchée héroïque

C’est d’abord par cette belle histoire de la KAWASAKI N°11 que nous débuterons un bilan de ce 78 ème Bol d’or, le dernier à Magny-Cours, qui restera dans les annales.

Matthieu LAGRIVE très marqué par la douleur a tenu à être présent aux côtés de Greg LEBLANC et Nicolas SALCHAUD sur le podium, ensuite en conférence de Presse il racontait :
« J'ai la troisième vertèbre dorsale fracturée. J'ai voulu sortir de l'hôpital jeudi pour remonter sur la moto. Contre l'avis médical puisque j'avais aussi un traumatisme crânien qui nécessite 24 heures de repos. Je savais que sous la pluie le pilotage serait moins exigeant. J'ai fait mon premier relais sous la pluie, on s'est tiré la bourre avec Kenny FORAY, c'était agréable. Gilles (STAFLER, team-manager du Team KAWASAKI N° 11), attendait que la pluie retombe pour que je reparte. Mais ça ne venait pas alors je lui ai dit que j'y retournais. J'ai tenu les chronos pendant ce relais, mais le corps n'a pas tenu. Après, ça n'aurait pas été raisonnable pour moi et pour les autres de continuer. »

Pour sa part le manager, Gilles STAFLER, que l’on avait vu, très tendu, à la manœuvre dans le stand, parlait avec retenue et modestie de cette nouvelle victoire, la 6 ème d’affilée dans les courses hexagonales de 24 heures:
« C'est notre plus belle victoire après la première aux 24 Heures du Mans 2010. En tout cas, ça a été la plus dure. Il fallait surtout éviter de se tromper dans le choix des pneus. Le facteur chance nous a parfois aidés. La moto est facile et très fiable. Matthieu LAGRIVE a été un vrai guerrier. S'il n'était pas sorti de l'hôpital, je ne sais vraiment pas que j'aurais fait. Le staff technique est parfaitement au point. Tout se termine bien. La semaine n'avait pas bien démarré avec le coup de téléphone de Fabien Foret qui ne pouvait pas venir (pour cause de course en Superbike), puis la chute de Matthieu. Je n'aurais pas misé sur moi-même à ce moment-là. »

Un Bol unique dans les annales

Il serait vain de vouloir analyser la course par le menu. Les chiffres bruts parlent d’eux-mêmes :18 abandons, 1 non classé et 27 classés.

Entre la cascade de chutes, de sorties de voitures de sécurité, d’averses intempestives ou des différences de grip entre les diverses zones du circuit, il est certain, que ne pas faire de faute ou savoir passer entre les gouttes, comme l’on dit, relevait un peu du miracle. Si l’on considère seulement les trois premiers, KAWASAKI N° 11, YAMAHA N° 94 et SUZUKI N° 72, ces trois motos ont chuté, c’est dire combien la course fut scabreuse.

Après ces barouds mémorables, Christophe GUYOT manager de la Yamaha N° 94 avait du mal à voir, une fois encore, la victoire lui échapper alors que raisonnablement elle semblait à portée de guidon. Tout le monde lui faisait remarquer qu’avec 50 points inscrits, il faisait une très belle opération dans le cadre du championnat du monde. Cela ne lui redonnait pas le sourire radieux qui illuminait par contre le visage de Damien SAULNIER, manager de la bande de jeunes du Junior Team SUZUKI. En effet, accéder au podium scratch avec une moto de la catégorie Superstock, cela n’était pas encore arrivé pour le professeur « très spécial » du Lycée le Mans Sud. Voilà ce qu’il déclarait en conférence de Presse, tout imprégné du champagne de la victoire dans la catégorie :
« Rien n'a été simple à gérer. Pour les mécaniciens, c'était leur première grosse sortie. Ils avaient bien été briefés sur la météo. Les pilotes ont bien roulé. L'euphorie est montée chez les mécaniciens quand on remontait au classement, je leur ai dit que tout pouvait encore se casser la figure. Je suis vraiment content de ce podium. Je salue aussi le travail de la direction de course et des commissaires de piste dans des conditions très difficiles. »

HONDA s’était donné les moyens de revenir au premier plan en endurance. Tout le monde le savait et, l’on croyait bien que les rouges de Honda allaient manger tout cru les bleus de SUZUKI. La résistance de ces derniers en étonna peut-être certains, mais c’était bien la Suzuki, arborant son N° 1 de champion du monde en titre, qui une fois de plus, semblait mater la meute hurlante à ses trousses.Hélas, alors que les choses ne demandaient qu’à être gérées en père de famille, NIGON tombait, PHILIPPE repartait et, sans doute à cause d’une boîte de vitesses détraquée, tombait à son tour et se faisait sévèrement percuter.

La HONDA N° 111 semblait alors, pouvoir recueillir facilement des lauriers qui ne lui semblaient plus possibles avec 5 tours de retard sur la N° 1. Les courses d’endurance sont ingrates et, sans doute une petite faute de vigilance lors des ravitaillements ultra rapides, a eu de graves conséquences. La chaîne détendue de la HONDA vint taper dans le carter moteur, faisant éclater ensemble, le métal et la perspective de victoire.

Une urgence : promouvoir l’endurance

Nous noterons que la guerre du contrôle du nombre de pneus utilisés a été reportée en raison du fait que les pneus pluie n’entraient dans cette comptabilisation d’apothicaire avec des autocollants, alors que des puces électroniques éviteraient tout litige.

Nous ne nous hasarderons pas à attribuer les palmes de la malchance ou du mérite mais nous associerons dans un même hommage toutes ces équipes héroïques, qui touchées dans leur chair et dans leur mécanique, repartaient à l’assaut d’une piste traitresse, s’il en fut.

Nous ne comprenons pas bien pourquoi une telle désaffection avait touché le public. Sans doute annoncer avant la course le transfuge du Bol vers des cieux plus cléments en 2015, a été une erreur de communication, venant s’ajouter à des prévisions météorologiques désastreuses, pour une fois avérées.

La Fédération internationale de motocyclisme par la voix de Paul DUPARC coordinateur pour l’Endurance, nous confirmait qu’un promoteur était intéressé par cette discipline et que toutes les pistes étaient recherchées pour étoffer, valoriser et promouvoir les courses d’endurance. On sait que le circuit de Magny-Cours est candidat pour organiser une nouvelle épreuve dans un format plus moderne et plus dynamique, comme nous le précisait Serge SAULNIER directeur du circuit. Le chantier global de l’Endurance nous semble urgent. Les courses sont superbes, haletantes et d’un très haut niveau et pourtant, elles se meurent. Au secours !




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