Dacia Bigster : Une déception... ?

Bigster : Dacia a fait les choses en grand.

Nous sommes le matin du 1er octobre 2024. Après avoir pris le vol AF 1537 la veille en direction de Berlin, nous voilà jetés dans une navette noire, flanquée de son étoile. Allure lente, nous traversons les méandres berlinois tant bien que mal. La pluie se met à jouer les trouble-fêtes, alors que nous pénétrons un ancien site industriel.
Ici, une armada de G.O. nous attendait au garde-à-vous avec en main un parapluie logotypé de la marque. On nous demande de nous diriger vers une arrière-cour, alors que sur notre droite un gros engin restait discret sous sa bâche grise. Pas besoin de sortir de Saint-Cyr pour comprendre que sous cette toile se cache la raison de notre venue. Nous avançons dans un étroit couloir afin de récupérer un badge magique qui entrouvre les bras des gardes du corps, franchement trop zélés, engagés pour la protection du nouveau venu.
L’ensemble des journalistes se pose sur l’estrade et le show commence.

Dès les premières secondes, le rideau se lève sur ce nouveau Bigster.
Il s’agit d’un Bigster Hybrid 155 Journey revêtu de sa superbe couleur exclusive Bleu Indigo et de son tout noir. Les jantes en jettent avec une taille respectable de 19 pouces et un dessin expressif.
Pas de « whaou ! » et encore moins d’applaudissements dans la salle. Tout juste un murmure lancinant qui se poursuit pendant quelques minutes.
Est-ce une déception ?

Peut-être… car ce Bigster est franchement semblable à son concept-car. Pas de fanfreluche, d’idée folle ou de peps, l’allure de la version de grande série est extrêmement proche du concept. On reconnaît la face avant qui intègre parfaitement la calandre supérieure flanquée du « diapason » Dacia. Le tout est encadré par des optiques fines et rectangulaires intégrant les feux de jour à LEDs en forme de « Y ». En partie basse, le bouclier semble envelopper le tout et se laisse percer par une grande bouche centrale qui semble vouloir dévorer le macadam.
Cela vous rappelle quelque chose ?
Quoi de plus normal, puisque ce style est une sorte de fac-similé du visage du nouveau Duster.
Le profil est, quant à lui, plus original. C’est surtout dû à l’allongement de la ligne. Le Bigster gagne 23 cm de longueur par rapport à son petit frère, le Duster. Cela se voit avec une silhouette plus élancée, mais tout autant musculeuse. Un rendu qui doit beaucoup à la ceinture de caisse inférieure en plastique recyclé et moucheté. La musculeuse poupe est par contre très proche du design du Duster. On y retrouve les feux en forme de « Y » sur les coins et une malle rectiligne. On remarque cependant une petite galerie sur celle-ci avec une jolie bande noire aux dessins originaux juste au-dessus de la plaque d’immatriculation.

J’entends ma petite voix intérieure dire que ce n’est qu’un grand Duster…
Pas faux…
Est-ce une déception… ?

Cette question, on peut également se la poser lorsque l’on monte à la place du pilote. On retrouve, à peu de choses près, le mobilier du nouveau Duster. La planche de bord est rectiligne, verticale, et ses matériaux n’ont rien de luxueux. Il n’y a pas de mélange de matières complexes ou de produits nobles. C’est juste du plastique coloré… Est-ce suffisant ?
Ce qui l’est sans conteste, c’est son système multimédia. Il se pilote sur un écran tactile de 10,1 pouces de diagonale. Il est réactif et se contente du nécessaire. Il préfère répliquer le système de votre smartphone qu’il soit flanqué de la pomme ou qu’il utilise Android. D’ailleurs, si vous utilisez « Maps » comme GPS, sachez qu’il peut également s’afficher sur les compteurs digitaux utilisant une dalle numérique de 10 pouces.
Les sièges semblent être d’une fabrication convenable, surtout dans cette finition Journey. Sachez également que le Bigster Extreme s’enorgueillit de proposer des sièges revêtus d’un maximum de matériaux recyclés pour leur conception. Ils sont par ailleurs plus résistants que les autres et même lavables à l’éponge.
En passant au second rang, autant vous dire que l’on ne va pas se marrer. Si l’espace aux jambes est immense, il faudra se contenter de l’accoudoir intégré au dossier du siège central. Il faut donc choisir entre poser sa gourde et son smartphone sur celui-ci ou fermer la soute à bagages du rang deux.
Est-ce une déception… ?

Ce qui ne l’est pas, c’est sans conteste son coffre.
Il est immense et explose les références de la catégorie.
En version TCe 140 48V, Dacia annonce un volume homologué de 667 litres. Il faudra compter une centaine de litres de moins pour la version Hybrid 155 et le Bigster Eco-G 140.

Ahhh… puisque nous parlons de moteurs…

Le Dacia Bigster ne disposera pas, comme les rumeurs l’annonçaient, du dernier groupe motopropulseur hybride du Renault Austral E-Tech. Non, il s’agit d’une refonte complète et profonde du moteur du Duster, l’hybride 140.
Le Bigster cache toujours sous son capot un moteur 4 cylindres atmosphérique. Mais il cube désormais 1,8 litre et développe une poignée de canassons supplémentaires pour atteindre 107 chevaux et 170 Nm de couple. Il est toujours associé à un moteur électrique de 50 ch et un alterno-démarreur de 20 ch. La différence, c’est que la batterie qui les alimente augmente sensiblement sa capacité énergétique pour atteindre 1,4 kWh, soit 0,2 kWh de plus. Assez pour revendiquer une hausse significative de l’usage de l’électricité, qui peut atteindre en zone urbaine 80 % du temps. Quoi qu’il en soit, les ingénieurs l’ont homologué pour une consommation mixte normée de 4,9 litres aux 100 km.
Une performance qui n’aurait pu être réalisée sans l’intégration d’une « nouvelle » boîte de vitesses. Les guillemets sont importants, car il s’agit de la même boîte de vitesses que l’Austral E-Tech 200, capable d’encaisser jusqu’à 450 Nm de couple… ce qui est loin des 250 Nm de ce bloc Hybrid 155.

Les rumeurs parlaient également d’un moteur carburant au GPL et hybride. Si les suspicions se portaient sur le bloc Full-Hybrid 140, et bien ce n’est pas ça. Le Bigster Eco-G utilisera un 3 cylindres de 1,2 litre turbocompressé à injection directe pour se mouvoir. Une déception… ?
Pas tant que cela, car si ce bloc n’est pas un Full Hybrid, il intègre tout de même un moteur électrique. Il peut épauler le 3 cylindres grâce à une batterie de 0,8 kWh en 48V. Par contre, il faut se contenter d’une boîte mécanique à 6 rapports.
C’est d’ailleurs ce même moteur micro-hybride qui sert d’entrée de gamme et de cavalerie pour le Bigster 4x4.
Est-ce une déception… ?

Et les tarifs dans tout ça ?

Ils restent encore en négociation. Par contre, Dacia nous annonce que son entrée de gamme, le Bigster 1.2 TCe 140 48V, sera vendu sous les 25 000 €. Le Dacia Bigster Hybrid 155 Expression sera quant à lui proposé sous les 30 000 €. Un tarif qui devrait placer ce Bigster à environ 8 000, voire 10 000 longueurs de ses concurrents déjà en place.