Il fut un temps où les SUV électriques chinois étaient considérés comme les junk food de l'automobile : séduisants au premier regard, mais vite décevants une fois en bouche – ou plutôt sur route. Mais voilà qu'arrive le BYD Sealion 7, et le script change. Cette fois, on ne parle plus de plastique douteux ou de châssis approximatifs. Ce Sealion 7 fait bien plus que rouler droit, il roule européen. Et ça, c’est une petite révolution sur quatre roues.
BYD Sealion : Un style sans âme, mais pas sans effort
Le
BYD Sealion 7, avec ses lignes fluides et ses proportions généreuses, ne choque pas le regard, mais il ne le captive pas non plus. Disons-le franchement : le style reste très "chinois". Non pas dans un sens péjoratif, mais dans une approche qui privilégie l’efficacité au détriment de l’émotion. C’est propre, c’est net, mais ça manque cruellement d’âme, cette étincelle qui fait qu’on se retourne dans la rue. En d’autres termes, le
Sealion 7 est ce collègue toujours bien habillé mais sans jamais avoir de style personnel. Pas gênant, mais pas mémorable non plus.
À l’avant, le motif en X, signature de la gamme
Ocean, donne une certaine identité. Les feux pincés et le capot légèrement plongeant évoquent un effort d’agressivité qui tombe à plat, comme un sourire forcé sur une photo de famille. Sur les flancs, les poignées affleurantes et les lignes douces tentent d’apporter une touche
premium, mais le design reste globalement impersonnel, comme s’il avait été conçu par un comité qui voulait plaire à tout le monde sans déplaire à personne. Le résultat ? Une silhouette qui n’est ni révolutionnaire, ni franchement déplaisante. Elle fait le job, sans plus.
L’arrière, avec son bandeau lumineux et son aileron discret, essaie d’évoquer le dynamisme, mais là encore, ça manque de conviction. La signature lumineuse est élégante mais sans caractère distinctif, tandis que les proportions générales donnent une impression de déjà-vu. Ce n’est pas laid, entendons-nous bien, mais c’est générique, une copie bien exécutée mais sans touche personnelle.
L’intérieur, lui, se montre plus réussi en termes de qualité perçue. Les matériaux sont agréables au toucher, et les ajustements sont impeccables, mais le tout manque de chaleur. L’ambiance oscille entre minimalisme aseptisé et luxe artificiel, sans jamais trouver le juste équilibre. Le tableau de bord, dominé par cet écran central pivotant (inutile mais spectaculaire), pourrait séduire ceux qui cherchent une voiture technologique, mais il lui manque cette cohérence esthétique qui fait la force des marques européennes ou japonaises.
BYD Sealion : Une touche de BYD-isme
Ah, la technologie
BYD : un mélange fascinant d'innovations et de décisions ergonomiques… disons, discutables. Le cœur de l’expérience technologique du Sealion 7 repose sur un écran central de 15,6 pouces qui, dans une certaine logique chinoise, peut pivoter entre mode portrait et paysage. À première vue, c’est un gadget amusant, idéal pour impressionner vos amis ou occuper vos enfants. Mais dans la pratique ? Absolument inutile. Le fait qu’il faille appuyer sur un bouton pour changer son orientation devient vite lassant, surtout quand cela n’apporte rien de tangible à l’ergonomie.
Ce n’est que le début des frustrations. La suite d’aides à la conduite, pompeusement appelée
DiPilot 10, aurait pu être un atout, mais elle se transforme rapidement en un cauchemar pour quiconque veut simplement… conduire. À chaque démarrage, les aides à la conduite se réactivent automatiquement, un peu comme ce collègue qui revient toujours avec la même mauvaise blague. Et désactiver ces aides ? Préparez-vous à une série de manipulations fastidieuses dans les menus : 60 secondes de votre vie à jouer avec l’écran tactile pour désactiver l’assistant de maintien dans la voie trop sensible, l’alerte de survitesse incapable de bien lire les panneaux et le freinage d’urgence collision avant qui se déclenche dès qu’un scooter vous frôle dans les rues de Marseille.
En mouvement, ces systèmes sont, au mieux, intrusifs. Le maintien dans la voie, par exemple, a une fâcheuse tendance à confondre les marquages au sol avec des lignes imaginaires, vous obligeant à corriger la trajectoire alors même que la voiture tente de vous "aider". L’alerte de sur-vitesse, quant à elle, semble paniquer dès qu’un panneaux s’approche de son champs de vision. Résultat : un concert d’avertissements pénibles et stressants qui finit par vous faire regretter d’avoir activé quoi que ce soit.
Côté multimédia, les choses s’améliorent légèrement. L’écran principal offre une interface claire – si l’on accepte le minimalisme de
BYD, qui aime cacher les fonctions essentielles dans des sous-menus. Android Auto et Apple CarPlay sont heureusement là pour sauver la mise, bien qu’ils ne compensent pas totalement les lacunes du système maison. Quant à la commande vocale, elle est assez précise pour baisser la température ou ajuster la musique, mais n’espérez pas trop de conversations sophistiquées avec elle.
Un mot sur le système audio, développé en collaboration avec
Dynaudio : il offre un rendu sonore de qualité, parfait pour transformer l’habitacle en mini salle de concert. C’est un des rares points où
BYD semble avoir compris que la technologie doit avant tout servir le confort du conducteur, et non l’agacer.
BYD Sealion : Trois versions, une mission commune
Le
BYD Sealion 7, avec ses trois déclinaisons bien distinctes, offre une gamme claire et structurée, pensée pour séduire différents profils de conducteurs. À la base, la version
Comfort s'adresse à ceux qui recherchent un
SUV électrique accessible, mais sans compromis sur l'essentiel. Avec sa propulsion animée par un moteur arrière de 308 chevaux et une batterie de
82,5 kWh, elle promet une
autonomie « moyennasse » de
482 km selon le cycle WLTP. Ses performances sont par contre loin d'être anecdotiques : le 0 à 100 km/h est expédié en 6,7 secondes, et elle peut filer jusqu'à 215 km/h, largement suffisant pour avaler l'autoroute ou dompter les routes secondaires. Son tarif de départ, fixé à 51 990 €. Un tarif incompréhensible face à ses rivales asiatiques et européennes qui ont largement revues leurs prix à la baisse et se place souvent sous les 47 000€ avec plus de 500 km d’autonomie.
Pour les amateurs de sensations plus musclées, la version
Design AWD enrichit l'expérience en ajoutant une transmission intégrale grâce à un deuxième moteur électrique sur l’essieu avant. Avec une puissance combinée de 523 chevaux et un couple impressionnant de 690 Nm, cette version transforme le
Sealion en prédateur des routes. Le sprint de 0 à 100 km/h tombe à 4,5 secondes. Le problème c’est qu’avec cette cavalerie supplémentaire, cette BYD perd encore plusieurs dizaines de kilomètres d’autonomie qui se limite à 456 km (WLTP). Avec un prix, fixé à 54 490 €, on a du mal à percevoir ce qui se trame dans l’esprit de BYD. Il ne sont rien en Europe et pourtant ils se m’allent sur des tarifs de généralistes premium, sans pour autant en avoir les compétences… ???
Enfin, la version
Excellence AWD représente le summum de la gamme. Elle reprend la configuration technique de la
Design AWD, c’est à dire les 523 chevaux mais se dote d'une batterie plus généreuse. Elle accumule
91,3 kWh d’énergie. Portant l'autonomie se contente d’un rayon d’action de 502 km (WLTP). Cette la version est conçue pour ceux qui privilégient l'endurance sur longues distances sans sacrifier les performances. Elle bénéficie également de finitions encore plus soignées, avec notamment des sièges en cuir Nappa et un affichage tête haute en série. Le tarif, fixé à 56 490 €, semble hors des clous pour une marque Chinoise en construction d’image et un produit juste convenable, du moins sur le papier…
La
recharge rapide en courant continu est un point clé pour les acheteurs de voitures électriques. Et on attend donc beaucoup de cette
BYD, qui est l’un des 3 spécialistes de la conception et la production de batterie au monde. Les modèles
Comfort et
Design peuvent supporter une
puissance de 150 kW, permettant une recharge de 10 à 80 % en 32 minutes, tandis que la version
Excellence pousse l’exercice jusqu’à
230 kW, réduisant ce temps à seulement 24 minutes. Si les
Sealion 7 Comfort et S
ealion 7 Design AWD ne fait guère rêver, c’est moins le cas pour la
Sealion 7 Excellence AWD qui offre une performance remarquable en 400v.
Avec un
coffre offrant 520 litres de volume – extensible à 1 789 litres – et un coffre avant de 58 litres idéal pour les câbles de recharge, le
Sealion prouve qu’il est pratique pour les familles en manque d’aventure. Quelle que soit la version choisie, ce SUV électrique a clairement été conçu pour répondre aux attentes du vieux continent, alliant robustesse technique, confort et polyvalence.
BYD Sealion : Le lion des mers découvre la Côte Bleue
Ah, Marseille. Ses calanques sculptées par le temps, son mistral capricieux, et ses routes sinueuses qui serpentent entre terre et mer. C’est ici que j’ai décidé de confronter le
BYD Sealion 7 à un terrain aussi varié qu’un buffet provençal. L’objectif ? Découvrir si ce lion électrique est digne de son nom ou s’il finira comme une sardine au fond du vieux port.
Départ en ville : un chat dans les rues de Marseille
Il est 8 heures du matin et le Vieux-Port s’éveille doucement. Les étals des poissonniers dégagent des effluves marins, tandis que les premiers rayons de soleil rebondissent sur les eaux calmes. J’engage le
Sealion 7 dans les ruelles bordées de façades pastel. En ville, c’est une créature domestiquée. La direction est légère comme un pastis bien dilué, et les suspensions absorbent les pavés sans broncher. Le silence est frappant : seul le ronronnement doux du moteur électrique trahit sa présence.
Sur la Canebière, les klaxons des scooters impatients n’entament pas la sérénité de l’habitacle. Les vitres feuilletées isolent du brouhaha urbain, offrant un cocon presque zen au conducteur. Pourtant, on sent que ce
Sealion a plus à offrir qu’une balade paisible au milieu des embouteillages. Direction l’autoroute.
Sur l’A55 : le lion s’ébroue
À peine la rampe d’accès avalée, le
Sealion 7 se déploie. Une légère pression sur la pédale de droite, et me voilà projeté à 130 km/h en un battement de cils. Le moteur électrique arrière délivre ses 308 ch avec fluidité, tandis que l’unité avant (dans les versions AWD) ajoute une couche de traction rassurante. Le châssis, rigidifié grâce à la technologie Cell-to-Body, tient la route comme un phocéen tient son accent : sans compromis.
Le mistral souffle sur les étendues plates de l’étang de Berre, mais le Sealion reste imperturbable. Pas de vibrations, pas de flottement. C’est une sculpture en mouvement, un lion apprivoisé par la technique. Le régulateur adaptatif maintient ma vitesse avec précision, tandis que le système iTAC répartit le couple avec une finesse que même un marseillais discuterait difficilement.
Les routes de la Côte Bleue : l’éveil du prédateur
La vraie épreuve commence à Carry-le-Rouet. Ici, les routes serpentent comme des couleuvres, bordées de pins et de falaises abruptes. Je désactive les aides à la conduite – il est temps de ressentir la bête. En mode Sport, le
Sealion 7 change d’attitude. La direction gagne en poids, les suspensions se raffermissent légèrement, et la réponse de l’accélérateur devient… explosive.
Chaque virage est avalé avec un aplomb presque germanique. Le double triangulation avant et le multi-bras arrière travaillent de concert pour maintenir une stabilité exemplaire. Le poids conséquent du
Sealion (près de 2,4 tonnes) se fait oublier grâce à un centre de gravité bas et une répartition des masses quasi parfaite.
La route descend vers la calanque des Eaux Salées, une descente sinueuse où la gravité joue les trouble-fêtes. Les freins régénératifs s’en sortent avec les honneurs, modulant l’effort pour éviter l’effet "coup de frein brutal" souvent reproché aux électriques. Arrivé en bas, je fais une pause pour admirer la mer. Bleue, calme, infinie. Un peu comme le Sealion dans cet environnement : il se fond dans le paysage avec une aisance déconcertante.
Retour à Marseille : le rugissement final
Le soleil commence à descendre à l’horizon alors que je reprends la route vers Marseille. Cette fois, je décide de tester le mode ECO. L’accélération se fait plus douce, presque timide, mais l’efficacité est au rendez-vous. La consommation reste stable autour des 18 kWh/100 km, un exploit pour un véhicule de cette taille. De retour sur la Corniche, je croise les regards intrigués des passants. Peut-être est-ce le design imposant du
Sealion, ou peut-être s’attendent-ils à voir une voiture qui ne soit pas chinoise dans ces rues marseillaises.
La boucle est bouclée. En une journée, le
Sealion 7 a prouvé qu’il n’était pas simplement une machine électrique : c’est une invitation au voyage. Pas de drame, pas d’exubérance inutile, mais une efficacité redoutable qui ferait rougir bien des marques européennes. Ce lion des mers n’a pas seulement survécu au terrain marseillais – il l’a dompté.