Ce n’est pas tous les jours que l’on a l’occasion d’essayer un prototype. Ma dernière fois remonte à 2016 avec la Clio RS 16, et ce n’était pas sur route ouverte !
Cette fois, c’est plus de 200 km et une recharge sur le réseau H2 à La Roche-sur-Yon, inauguré en 2021 en partenariat avec le SYDEV et la SEM Vendée Energie.
Esthétiquement comme les autres
Notre
iX5 immatriculé en Allemagne trahit sa motorisation avec ses imposants tatouages
Hydrogen Fuel Cell (appellation anglaise de la pile à combustible). L’habitacle est également quasiment commun à la normale. Le volume de chargement disponible dans le coffre est identique à celui des versions
hybrides rechargeables, ce qui équivaut à une perte de 150 l par rapport aux modèles thermiques. Un atout de l’hydrogène par rapport à l’électrique est la possibilité de remorquage.
BMW travaille sur l’
hydrogène depuis de nombreuses années. Le constructeur allemand avait présenté en 2006 l’Hydrogen 7, sur base de série 7, donc tournant aussi bien au sans-plomb qu’à l’hydrogène. Un échec, qui n’a pas fait renoncer
BMW à
l’hydrogène, mais l’a fait changer de technologie en passant à la pile à combustible. Et c’est là qu’entre en jeu l’
iX5, en développement depuis 2019.
Il fut dévoilé pour la première fois au salon de Francfort de Munich, pour une version roulante deux ans plus tard. La branche
BMWi ne se limite pas à l’électrique en estimant qu’une seule technologie ne répond pas à tous les usages ni à toutes les ressources.
Lhyfe, producteur d’hydrogène vert
Lhyfe est une entreprise de
Loire-Atlantique et de Vendée qui monte. Fondée en 2017, elle est aujourd’hui cotée en bourse. Ses effectifs grimpent également. Son postulat est simple : une technologie seule ne nous sauvera pas et l’
hydrogène a des atouts à faire valoir (mobilité lourde, pas de sensibilité aux conditions extrêmes de température et moins de matières premières nécessaires), à condition de produire un véritable hydrogène vert. La combinaison de l’électricité, de l’eau et de l’électrolyseur permet d’être dans cette définition.
Si vous vous souvenez de vos cours de chimie, le
H2 est ici compressé afin de pouvoir le stocker dans des unités de livraison. En 2021, Lhyfe a été le premier au monde à produire de l’
hydrogène en «
onshore », en étant notamment directement connecté à un parc éolien. Le problème de l’éolien est son fonctionnement intermittent. Cette année, ce sera le premier à produire en «
offshore » (comprendre : en pleine mer). La grande disponibilité d’eau y est un élément clé.
Voici les perspectives annoncées par l’entreprise française : une production de 12 MW en 2023, à 200 en 2026, et 2 GW en 2030.
Du couple instantané
Les cellules de la batterie sont fournies par Toyota (qui dispose de la
Mirai), avec une disposition spécifique à
BMW. L’agrément de conduite ressemble à l’électrique, avec le couple instantané et un silence d’utilisation. Quant au poids, il est semblable à celui d’un
X5 hybride rechargeable.
Les 400 chevaux disponibles sous la pédale de droite permettent donc de dépenser plus que sereinement. Les habituels modes de conduite ont bien sûr été conservés pour une conduite à la carte.
Bien que ce véhicule n’ait pas de velléité commerciale, il a tout de même subi les contraintes du cycle WLTP. Sur cette norme, la consommation est annoncée à 1 kg/100 km, offrant ainsi un r
ayon d’action de 500 km. Ayant opté pour une conduite dynamique, notre consommation moyenne s’est rapprochée de 1,7 kg/100 km, réduisant drastiquement l’autonomie. Cette valeur extrême est là à titre purement indicatif. Les confrères, plus modérés sur leurs accélérations, ont tourné autour de 1,2 kg/100 km.
Avec un tarif de 15 €/kg, les 90 € facturés pour faire un plein limitent le champ possible des ventes, à moins que vous soyez absolument sensible à l’environnement. Le fait d’être, à date, à 56 stations en France est un facteur aggravant.
Un comportement routier pas sportif
On est très bien installé à bord de cet
iX5, comme on l’est dans un plus classique. Enquiller les kilomètres ne pose aucun problème tant le confort d’utilisation est appréciable. Et par confort, je vise aussi bien celui des lombaires que celui des oreilles. Être dispensé du son du moteur sur une telle bétaillère est fort logique.
Une bétaillère de luxe, certes, mais ne m’en voulez pas d’utiliser ce terme qui peut sembler péjoratif. Une fois le mode Sport activé et le souhait de voir ce que cet
iX5 Hydrogen a dans le ventre, on comprend très vite que son terrain de jeux serait une
Autobahn. Et encore, vu la consommation exponentielle, il faudrait consentir à s’arrêter très régulièrement. Si bien que le fait d’avoir 400 chevaux ne rime absolument à rien, comme c’est d’ailleurs le cas pour l’électrique. À part pour dépasser en toute sécurité, sauf pour son permis…
Les pneus sont en souffrance à la moindre sollicitation un peu franche. Leurs crissements apportent tout de même une ambiance « rallye » assez marrante. Mais, soyons honnêtes : tout ceci n’est qu’une question de choix de réglages des trains roulants. Nul doute que si M se penchait sur le sujet, il en serait une tout autre histoire…