SUV et coupé… vraiment ?
La démesure aujourd’hui ne paye plus. Pour grossir les ventes, il faut réduire les modèles de taille et de poids ! Voilà pourquoi le X5 a fait des petits avec le X3, et puis le X1… Il en va de même chez la concurrence : Audi a joué aux poupées russes avec son Q7 qui a donné le Q5, puis le Q3…
Mais, revenons à la marque de Bavière. Le X6, c’était encore il y a peu, avant l’arrivée du X7, le colosse omnipotent de BMW. Pas spécialement habitable, ni outrageusement pratique, il met surtout un style en avant.
Et quel style ! C’est lui qui lança la mode de ce que l’on nomme sans vergogne les « SUV-coupés ». De fait, ils se doivent d’être massifs, imposants, et surtout de disposer d’une ligne de toit effilée et plongeante pour singer les coupés.
Et manifestement, ça plaît ! Que ce soit chez les marques premium ou les généralistes, le choix est devenu bien vaste.
Chez BMW, la firme a même offert un petit frère à son colossal X6, pour le millésime 2012. Ce X4, un peu plus abordable par ses dimensions et son tarif, s’est bien installé dans l’immense gamme du constructeur, puisqu’il est une sorte de variante glamour du X3. Il en reprend par ailleurs sa plateforme ainsi que ses moteurs.
Mon choix…
La gamme de groupes motopropulseurs commence avec un
X4 xDrive20d de 190 chevaux et culmine avec les 510 canassons du
X4 M Compétition. Entre les deux, on peut opter pour un moteur plus raisonnable, le turbo essence du
X4 xDrive30i, ou comme moi, faire le choix du muscle et de l’économe
X4 M40d.
Ce genre de moteur est aujourd’hui étrangement devenu «
persona non grata », puisqu’il ose consommer du diesel. De fait, même s’il est pourvu d’une pléthore d’équipements le rendant « peu polluant », il sera affublé d’une
vignette Crit’Air 2.
Cela étant, ce moteur, c’est du lourd !
Il ne se contente pas de 3 ou 4 petits cylindres, lui. Il reste fidèle au savoir-faire des ingénieurs motoristes de BMW, avec le célèbre 6 cylindres en ligne. Ils cubent 3,0 l et sont gavés d’air par un énorme turbocompresseur à double étage. De fait, l’écurie ne compte pas moins de 340 pur-sang pour 700 Nm de couple.
Les chiffres sont clairs.
Ce gros bloc d’acier expédie le 0 à 100 km/h en moins de 5 secondes et limite sa vitesse de pointe à 250 km/h grâce à la bride électronique. Des chiffres ahurissants lorsqu’ils sont comparés à sa masse de presque 2,1 t, et sa longueur de 4,68 m.
Un X4, c’est grand, mais pas dedans…
Comme écrit et expliqué plus haut, le X4 est le petit frère du X6. Il est donc moins imposant. Mais cela reste un beau bébé !
4,68 m de longueur pour 1,89 m de large et 1,63 m de haut, c’est pas une frêle petite machine. Il en impose franchement, surtout dans ma version M Motorsport, qui le gratifie d’appendices sport le rendant vraiment «
sexy » et «
voyant ».
Ce qui est le plus étrange, c’est que malgré sa taille de grande voiture, l’espace y est compté à l’intérieur. Si le coffre dispose de plus de 500 l, l’habitacle est franchement restreint à l’intérieur. C’est à se demander si à l’intérieur d’une Clio, on n’est pas plus à son aise… et c’est possible, le pire !
Ce n’est pas une question de mobilier. Il est juste parfaitement assemblé et les matériaux sont superbes. Non, c’est plus l’espace à vivre qui n’est pas du tout en adéquation avec le gabarit.
Par exemple, les sièges sport sont splendides et maintiennent parfaitement, mais ils sont très larges et épais. Ce qui limite et grève l’espace de vie de l’habitacle, tout comme le dessin de la planche de bord qui enveloppe le pilote, mais ne lui laisse pas beaucoup d’espace en largeur.
Ce petit côté chiche ne se retrouve pas du tout lorsque l’on appuie sur le bouton «
Start ». Là, c’est généreux. Le gros bloc d’acier s’égosille au démarrage pour bien faire comprendre que l’on n’est pas dans l’une de ces nouvelles machines qui se muent sans un son. Ici, c’est un diesel qui chante haut et fort avec des basses qui impressionnent… du moins, pendant les quelques premiers instants. Car aussitôt le 6 pattes en marche, il commence à descendre de plusieurs tons.
De la symphonie, aux crissements des pneus !
La chose est encore plus vraie dès les premiers tours de roue.
Le moteur carburant au mazout se fait étrangement oublier. Il est docile, et même prévenant avec sa boîte de vitesses automatique qui enchaîne les rapports sans que personne ne s’en rende compte dans l’habitacle. C’est d’une fluidité digne d’une voiture électrique qui, comme elle, est prête à déployer sa force en un éclair.
En effet, il suffit d’une pichenette sur la pédale de droite pour catapulter le panzer à des vitesses inavouables. Attention à la maréchaussée avec cet engin qui sait titiller votre esprit rebelle et veut vous embarquer sur la route de l’enfer. Car c’est bien là que ce
BMW X4 M40d est le plus bluffant.
Les ingénieurs de la marque savent faire des engins capables de défier les lois de la nature. Cette version du
X4 en est la preuve. Ce mastodonte peut enquiller les virolos telle une machine de rallye.
Une épingle. Un long droit en appui. Un freinage à la limite du blocage. Rien ne lui fait peur. Ce SUV reste sur ses rails en toute circonstance. Il faut dire qu’en plus de ses
suspensions M Sport, ses réglages spécifiques et ses jantes aux pneus ultralarges, il dispose d’une traction intégrale capable de transmettre plus de puissance sur la roue arrière extérieure pour l’aider à prendre les courbes.
Évidemment, ces performances de haute volée ne se font pas sans des compensations. Et elles sont assez dures, ces compensations. Dures comme un pilier en béton armé. Eh oui, le couple amortisseur-suspension est terrible pour le dos. On ressent la moindre petite déformation de la chaussée remonter le long de la colonne. Les ruelles du vieux centre de Brest ont eu raison de mes cervicales.
Terminons enfin par la douloureuse. Évidemment, un engin de la sorte, c’est exceptionnel, et BM le sait. Il n’est pas question de le brader. Votre concessionnaire vous le commandera contre un chèque portant un montant minimum supérieur à 82 000 €.
Mais, soyons francs. Comme de coutume, la marque sait vous faire passer par la case options. Mon superbe modèle en était rempli. À tel point qu’il faisait grimper la
douloureuse à presque 100 000 €. Le point positif, c’est que malgré ses performances de GT, ce
X4 M40d s’est contenté d’une
moyenne de 7,2 l aux 100 km. Ce qui est relativement raisonnable, surtout si on le compare à une version essence qui demanderait, au bas mot, 3 l de plus.