Une usine de pneus sans CO2... voici le pari de Nokian à Oradea

Oradea, "l'une des plus belles villes de Roumanie" selon un confrère journaliste roumain — nous arrivons dans une zone commerciale où se côtoient stations-service, concessions automobiles, garagistes, magasins de mobilier de luxe, habitations, une impressionnante église orthodoxe de la Résurrection et le grossiste alimentaire et matériel Metro. Nous traversons une voie ferrée et nous voilà devant un immense site, ressemblant à un hangar de datacenter.

Aucun panneau, aucune indication explicite. Seul Google nous informe qu'il s'agit d'un site Nokian. En effet, c'est la toute dernière usine de la marque, construite en seulement 17 mois. Une prouesse impressionnante, à tel point que la dernière capture satellite de Google Maps, datant de 2024, n'a pas encore saisi l'avancée des travaux du site.

Trois agents de sécurité veillent à l'entrée. Le chauffeur se présente, la barrière s'ouvre, et nous pénétrons enfin dans une zone oscillant entre désert de nature et structures industrielles intrigantes. Nous traversons un premier check-point, longeons l'accueil, et prenons un couloir qui nous mène au cœur de l'usine.

Un lieu vaste, aux allures de centre Pompidou, mais en plus propre et lumineux. La décoration est essentiellement composée de tuyaux colorés en bleu, rouge, et, pour les infrastructures, en jaune et vert. Ici, cependant, ces éléments ne sont pas que décoratifs, ils sont fonctionnels.

Nous observons ces fameux bras articulés, sans cesse à l'œuvre, hypnotisant par leurs mouvements. On pourrait passer des heures à contempler ces machines.

Certaines d'entre elles évoquent des rotatives d'imprimerie, avec leurs rouleaux blancs ou verts. On se demande comment un matériau si fin peut se transformer en un élément capable de supporter plusieurs tonnes sur tous types de routes. Des étiquettes parsemées ici et là indiquent : FEED, MOT, EXTR, HEAD, COOL, EQU, ROB… Des noms de code désignant des instruments capables de couper, plier, laminer et assembler divers matériaux.

Derrière cette pléthore de machines visibles, Nokian garde bien des secrets industriels et de fabrication qui resteront hors de portée pour le commun des mortels.

Le sol en béton poli et verni semble parfait pour faire du skateboard. Avec 100 000 mètres carrés, l'usine est si vaste qu’on pourrait y jouer à cache-cache sans fin. L’ambiance rappelle même celle du jeu Metal Gear Solid.


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Cependant, nous foulons un lieu bien plus sérieux que ludique : Nokian y a investi plus de 650 millions d’euros. Jukka Moisio, Président et Directeur général de Nokian, qui a lancé plus de 28 usines dans sa carrière, confie qu’il s’agit de "la plus grande et la plus rapide mise en place" qu'il ait connue.

Alors pourquoi la Roumanie ? Cette question brûle les lèvres des journalistes. Le choix n’a pas été simple, Nokian ayant évalué 40 sites en Europe. Les critères incluaient les avantages logistiques, les sources d’énergies vertes et les opportunités d’installation. Au final, la Roumanie s'est révélée être un choix évident. "Mais il y a un facteur qui a véritablement influencé notre décision," ajoute Jukka Moisio. "Les Roumains sont toujours enthousiastes à l’idée de s’investir dans un projet unique au monde, comme cette usine de pneumatiques sans émissions de CO2." Cela permet à Nokian "d’établir une nouvelle norme pour la fabrication de pneus durables."

L’engagement de Nokian se reflète également dans l’implication des autorités locales, avec la présence de Florin Spătaru, conseiller d’État auprès du Premier ministre, et de plusieurs acteurs locaux lors de l’inauguration.

Simona Bucura-Oprescu, la ministre du Travail, se réjouit de cette initiative qui crée 550 emplois et soutient le développement des infrastructures en Roumanie.

De son côté, Susanna Tusa, Vice-présidente de Nokian Tyres en Roumanie, insiste : "Nous ne créons pas seulement des emplois, nous créons un impact positif en développant des programmes de formation avec les institutions locales."

Adrian Kaczmarczyk, Vice-président de Nokian Tyres, n’a pas caché son émotion et sa fierté lors de ce moment pivot pour l’industrie du pneumatique : "Ici, toute l’électricité est générée par des panneaux solaires sur site. Nous n’utilisons aucune énergie fossile et avons développé des solutions innovantes comme des bouilloires entièrement électriques."

Le défi durable s’étend également à la logistique : l’usine est directement reliée au réseau ferroviaire avec une ligne en cours de rénovation.

L’esprit finlandais résonne au cœur de cette méga-structure. La Finlande, discrète mais respectée, se distingue par son respect de la nature, ses technologies de pointe, et son engagement en faveur de la neutralité carbone d’ici 2035, comme le rappelle Leena Liukkonen, ambassadrice de Finlande en Roumanie.

Nous avons eu l’autorisation exceptionnelle d’assister à la fabrication d’un pneu. Teppo Huovilla, responsable de la qualité et du développement durable chez Nokian Tyres, nous précise que l’usine compte pour l’instant 67 machines, mais qu’à terme, elle en accueillera 300.

Tout commence avec des rouleaux de textile, dans lesquels est incorporé un mélange de caoutchouc et d’acier pour garantir la longévité du pneu. Un robot laser vérifie ensuite l’homogénéité de cette structure avec une précision extrême.

Le pneu, encore plat, passe ensuite dans une machine qui lui insuffle de l’air, lui donnant sa forme arrondie. Un liseré jaune indique qu’il s’agit d’un pneu 205/60 R16 Snowproof 2.

Malgré une automatisation poussée, les opérateurs humains surveillent attentivement chaque étape pour garantir la conformité des pneus. Après une cuisson dans un four dédié, chaque pneu est inspecté manuellement puis testé par des machines pour vérifier sa géométrie.

Cette démonstration impressionnante illustre l’engagement de Nokian en matière d’excellence et de qualité. "Tout cela, pour la satisfaction de nos clients et pour montrer qu’il est possible de créer des industries véritablement durables", conclut Jukka Moisio.

Finalement, qui aurait cru qu’un simple pneu nécessitait un processus de fabrication aussi méticuleux ? Selon Adrian Kaczmarczyk, la production d’un pneu prend en moyenne 11 minutes.

Elvis Biro, responsable de la production, ajoute : "Le processus de fabrication est tellement complexe qu'il est difficile d'en donner tous les détails. Derrière chaque machine, il y a au moins dix robots."

Oradea incarne une usine sans précédent, comme l’ont souligné les professionnels de l’industrie présents ce jour-là. Il s'agit de la troisième usine après celles en Finlande et au Tennessee, aux États-Unis. Elle produira principalement des pneus pour véhicules de tourisme, été, quatre saisons et hiver, destinés au marché européen, avec un objectif de 6 millions de pneus par an.

La production commerciale débutera en 2025.

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