Essai honda civic type r fn2 une bonne compagne

Je n'ai toujours eu que très peu d'intérêt pour la marque Honda, principalement par méconnaissance, mais aussi parce que certains fans aveugles me la faisaient fuir. Le peu d'intérêt provenait du moteur V-Tec réputé trop creux à bas régime. Quant aux fans aveugles, ils se sentent systématiquement le besoin impérieux de venir dire partout que leur V-Tec vaut mieux que tout le reste. Il était donc temps pour moi de prendre le volant d'une représentante de la marque et de me faire une vraie opinion. C'est maintenant chose faite avec cette Civic Type R FN2.
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En tant que journaliste automobile, ce qui m’a d’emblée impressionné, c’est le fait que Honda me prête une voiture de presse avec 45 000 km au compteur. En général, nous récupérons des voitures neuves ou presque qui sont malheureusement souvent maltraitées. Alors, que la marque japonaise me prête une voiture avec un tel kilométrage, ça force le respect et montre à quel point ils sont sûrs de la fiabilité de leur produit.

Nous sommes la première quinzaine d’août et me voilà ainsi en possession d’une Civic Type R d’avant-dernière génération, nom de code FN2, d’un blanc immaculé des jantes jusqu’au toit. Les connaisseurs l’auront vite compris : il s’agit d’une « White Championship Edition », qui, comme son nom l’indique, est une édition spéciale, qui plus est limitée et numérotée et qui, outre son blanc extérieur, offre par rapport aux versions de base un différentiel à glissement limité

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Je pars donc pour un parcours de plusieurs milliers de kilomètres à travers la France et je commence par prendre la direction des Alpes et de certains de leurs cols les plus célèbres. Mais avant tout, il faut subir l’ennuyeux trajet autoroutier. Il n’y a pas grand-chose à en dire, si ce n’est que la voiture se montre confortable malgré des pneus tailles basses (225/40 R18) et des suspensions rabaissées et typées sport – forcément. Première sortie de péage, en pleine semaine, pas un chat et la voiture en température, je mets pieds au plancher et la Civic traverse différentes étapes : ce n’est qu’à partir des 3 000 tr/min qu’elle s’envole, ensuite ça pousse gentiment, puis, passé 4 500 tr/min elle s’affole complètement et prend de la vitesse avec une vigueur impressionnante, le moteur vous criant dans les oreilles de ne pas vous arrêter, ce n’est que du plaisir pur. Le K20, le Vtec, les 201 ch rugissent jusqu’à 8 500 tr/min. Arrivé là, ne comprenant pas trop ce qu’il vient de se passer, un peu éberlué par le comportement de ce moteur, je retrouve un brin de lucidité et enclenche la seconde pour recommencer, puis la troisième et ainsi de suite. C’est tout simplement grisant ! Retour à la triste réalité de nos autoroutes après cet interlude, je me cale à 135 km/h au compteur et j’attends la prochaine gare de péage comme une adolescente attend le denier single des One Direction et je me prends à pester contre les sociétés d’autoroute de ne pas mettre assez de péages sur mon trajet, me voilà devenu bien bizarre. 


La montagne, ça vous gagne

Me voici enfin arrivé dans les Alpes et, après mes premières sensations avec ce Vtec, je me mets à la recherche d’un col. Ce sera le col des Aravis, culminant modestement à 1 483 m, contenant peu d’épingles en fin de compte, mais plutôt des enchaînements de virages plus ou moins rapides. Les conditions sont idéales : très peu de cyclistes et une bonne visibilité, j’y vais donc joyeusement, augmentant le rythme en même temps que la voiture me met en confiance. Le différentiel à glissement limité la guide à l’inscription en courbe, rendant le sous-virage proche de l’inexistant. La règle est simple, j’entre en courbe et je mets les gaz, le différentiel s’occupant d’amener la Honda là où je lui demande, décuplant les performances en même temps que le plaisir de conduire. Les virages s’enchaînent à la perfection, la voiture virevoltant d’un lacet à l’autre avec agilité, malgré un poids élevé de plus de 1 400 kg (et pas mal chargée en sus). La Civic Type R est assez exigeante si je veux garder un bon rythme, la direction, précise, offre une belle fermeté et je dois toujours être dans le haut du compte-tours, sans quoi je perds l’apport indispensable du Vtec.
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Le joli levier de vitesse m’aide bien en ce sens, avec des débattements courts et bien guidés, me permettant de passer les vitesses à la volée, sans perdre de temps. Le levier à l’instar de la direction est assez ferme à l’usage, participant au plaisir de conduire. Le pommeau pour sa part, en aluminium, est aussi plaisant que brûlant quand il fait chaud et glacé quand il fait froid, il faut parfois faire attention lorsqu’on reprend la voiture.

Je descends le col et me mets à la recherche du suivant avec la fébrilité d’un toxicomane recherchant sa dose de crack, je veux ma dose, j’en ai besoin. C’est ainsi que j’enchaînerai sur plusieurs jours le Col des Saisies, de l’Iseran, du Télégraphe, du Galibier, du Lautaret et autre Cormet de Roselend, chaque descente de col ne se justifiant que par l’envie d’aller monter le prochain. Pour finir, je peux tout au plus reprocher à la Civic un train arrière trop efficace, empêchant de la placer via une petite glissade pour encore plus de plaisir, mais ça serait de trop !

Elle n’est pas faite pour les virages trop serrés, son DGL fait des miracles, mais le 4 cylindres de 2.0 L Type R manque effectivement un peu de couple à bas régime (193 Nm à 5 600 tr/min) et dans certaines épingles la relance n’est pas fabuleuse et je dois parfois attendre un temps qui me semble infini (quelques secondes en vérités) que le Vtec se décide et relance d’un coup la machine. C’est ce que demande la Civic, il faut monter dans les tours, toujours plus, pour en tirer la substantifique moelle.

Le reste du roadtrip m’amena au bord de la méditerranée, dans les Cévennes et dans le Lot. Je fis de la voiture un usage plus civilisé, en partie pour voir ce que ça donnait, mais aussi parce que la consommation sut me calmer, avec plus de 17 L/100 km dans les Alpes. Sur un usage plus courant, il est possible de tourner autour des 9,5 L et en faisant très attention, sur nationale, à vitesse constante et peu élevée j’ai réussi à faire 7,8 L de consommation moyenne sur un plein complet. Je n’ai cependant pas pu m’empêcher de faire un petit détour par le mont Ventoux, ni une courte escapade dans les Pyrénées, absolument pas pour mon plaisir vous pensez bien, mais juste pour confirmer les impressions acquises dans les Alpes et par pure abnégation professionnelle.

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Histoire de ne pas brosser un tableau trop idyllique de cette fort sympathique Honda Civic Type R, je lui reproche quand même une visibilité globale peu convaincante : vision des angles morts quasi inexistante, rétrovision pour le moins délicate avec un becquet en plein milieu du pare-brise masquant les usagers qui vous suivent. Même après 5 000 km, je n’ai pas été capable de m’y faire. Autre petit point négatif, les sièges sont très bons et la position de conduite se trouve très bien… tant que l’on ne fait pas plus de 1 m 85.

Ce V-Tec manque un peu de couple, pour moi, en bas du compte-tours, mais nous sommes bien loin de ce que j’imaginais avant de l’essayer, il est tout à fait possible de rouler à 1 800 tr/min sans problème, en préservant autant que faire se peut la consommation ou de monter très haut dans les tours, ce qui est tout simplement extraordinaire dans une « simple » compacte.

Voilà une voiture qui m’a fait changer d’avis, même si ce n’est pas exactement ce que j’apprécie dans une voiture, je peux réellement comprendre ceux qui aiment franchement ce comportement moteur, qui demande d’être cravaché, mais qui en échange donne beaucoup de satisfaction. La Civic Type R est finalement une auto attachante avec laquelle j’ai pris bien du plaisir et que j’ai eu du mal à rendre, malgré ses quelques défauts et une définition qui ne me convient qu’à moitié.

 

Note : 14/20

 

Bien vu :

- Différentiel à glissement limité

- Fiabilité

- Caractère moteur dans les tours ...

 

A revoir :

- ... mais un peu léger en bas

- Consommation

- Puissance par rapport à la concurrence de l'époque.

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