Citroën ë-C3 Société VAN : Le cube branché qui murmure à l’oreille des artisans

Depuis le 3 mars 2025, la bureaucratie française — parfois aussi agile qu’un Kangoo grippé — a décidé de mettre un peu de jus dans les câbles avec les Certificats d’Économie d’Énergie (CEE). Le but : convertir les flottes professionnelles à la propulsion ionisée. Citroën, flairant la bonne affaire et probablement une ligne budgétaire à exploiter, propose donc cette ë-C3 Société VAN à 18 025 € HT, une fois les diverses réductions retirées comme une vieille bâche de chantier. En prime, une démarche simplifiée grâce au partenariat avec CertiNergy & Solutions (alias Engie), et une promesse : « on s’occupe des papiers ». Oui, même ceux qui finissent normalement coincés dans l’imprimante du service achats.

Un utilitaire, mais avec un museau de citadine

Techniquement, on prend la nouvelle Citroën ë-C3. On lui retire la banquette arrière (vous n’avez pas d’amis, de toute façon), on opacifie les vitres comme sur une voiture de films de gangsters tournés en Seine-et-Marne, on range les plastiques d’habitacle à la cave et on homologue le tout en N1. Ce dernier point est crucial : cela signifie que l'engin est officiellement un véhicule utilitaire léger, ce qui ouvre les portes du royaume des exonérations de TVA, des amortissements comptables, et des subventions qu’on attrape à la volée comme un billet de banque dans une soufflerie.

C’est donc un utilitaire. Mais un utilitaire urbain. Très urbain. À tel point qu’il pourrait se confondre avec une Clio en pause déjeuner sur une aire de livraison. Il garde néanmoins ses proportions de citadine, soit 4,01 m de long, deux sièges à l’avant, un plancher plat à l’arrière et de quoi loger quelques cartons ou un escabeau replié. Idéal pour le plombier minimaliste ou l’électricien qui ne jure que par les embouts de 10.

Electrons et économie d’énergie

Sous le capot, point de rugissement de diesel ni de fumée opaque au démarrage. Le ë-C3 Société VAN repose sur la version électrique dite "standard" — ou plus exactement sur celle qui n’a pas encore succombé aux sirènes de la performance. Pas de 0 à 100 en 3 secondes ici. Mais 113 chevaux (83 kW) à faire hennir un peu plus doucement que ses congénères thermiques, pour mouvoir les 1,4 tonne de l’ensemble. La batterie de 44 kWh est donnée pour environ 320 km d’autonomie WLTP. Ce qui, en langage professionnel, signifie trois jours de tournées de livraisons avant de chercher une prise à proximité de la salle de pause.

La recharge, elle, accepte jusqu’à 100 kW en courant continu. Ce qui permet de faire le plein en 26 minutes sur borne rapide, soit le temps moyen d’un sandwich triangle et d’un café tiède à la station-service. En courant alternatif, c’est 7,4 kW en monophasé, histoire de combler les batteries pendant la nuit ou lors d’un brainstorming sur l’optimisation du parc utilitaire.

La fiscalité comme cheval de Troie

Mais là où cette ë-C3 Société VAN se montre plus maligne qu’un utilitaire classique, c’est sur le terrain du fiscalement bien pensé. L’homologation N1, combinée à la prime CEE directement reversée par Citroën (jusqu’à 4 515 €), rend le tarif plancher particulièrement attractif. Pour les entreprises, ça veut dire que le véhicule peut être amorti, que la TVA est récupérable, et que les aides viennent s’ajouter au crédit-bail, à la location longue durée ou même à l’achat comptant (pour les plus téméraires).

En prime, Citroën a pensé à retirer toute trace d’humanité à l’arrière du véhicule, ce qui le rend impropre au transport de passagers clandestins. De quoi rassurer les RH et éviter un audit interne sur les usages détournés des véhicules de fonction.

Un cube dans le bon créneau ?

En se positionnant sous la barre des 20 000 € HT avec toutes les aides, Citroën ne joue pas la carte de l’utilitaire de chantier. Ici, pas question de trimballer des parpaings ou de servir de base à un food truck. L’ë-C3 Société VAN, c’est la réponse à une flotte urbaine, à des livreurs de colis taille S, ou aux artisans qui ont compris qu’un SUV n’est pas une boîte à outils.

Et puis, soyons honnêtes : pour l’image de l’entreprise, un utilitaire électrique, c’est mieux qu’un Partner diesel qui fume comme une vieille chaudière à mazout. Surtout quand le client final commence à mettre des étoiles sur Google pour noter l’empreinte carbone du livreur.