C’est dans le parking de l’aéroport de Barcelone, alors que j’attendais depuis vingt minutes pour récupérer les clés de la nouvelle Kia Proceed, qu’une mélodie de pot d’échappement retentit dans les environs… Je pensais reconnaître le typique feulement d’une Ferrari F430. Après inspection dans les alentours, que nenni.
« Tu prends la Porsche Panamera Sport Turismo ? » souffle-t-on autour de moi dans la file d’attente pour récupérer les clés. Et il faut reconnaître que Kia s’est surpassé. Comme quoi, même les petits font du haut de gamme. Enfin, presque. De derrière, l’on a des réminiscences des Renault Talisman avec cette longue baguette lumineuse qui relie les feux arrière. Enfin, la police utilisée pour le logo Proceed rappelle étrangement celle du T-Roc de Volkswagen.
Proceed, le nom, quant à lui, a l’air de débarquer d’une époque du futur où les robots contrôlent le monde. De l’anglais, cela signifie « procéder », mais étymologiquement cela vient de la contraction de « pro » + « ceed ».
Ceed… ç’aurait pu être le diminutif de Sydney, ou une référence au Cid, mais non ! Il s’agit d’un acronyme pour « Community of Europe European Design », traduisez par « communauté de l’Europe Aspect européen ». Par cette appellation des plus robotisées, pour ne pas dire soviétique, Kia a souhaité mettre l’accent sur le fait qu’il s’agit bien d’une « voiture européenne », « faite en Europe », destinée au « marché européen » et probablement une ruse du constructeur sud-Coréen pour s’affranchir des éventuels frais de douane ?
Nous voici en présence d’un Shooting brake coréen dessiné en Allemagne et produit en Slovaquie. Cette Kia Proceed GT 1,6 essence T-GDI de 204 chevaux, pilotés par une boîte à double embrayage DCT7, chaussée des pneus Michelin Pilot Sport 4 de 18 pouces a un look qui en jette, incisif, mais pas trop,
À l’intérieur, l’on remarque tout de suite l’omniprésence des surpiqûres rouges sur le volant et les montants de la portière, les sièges en cuir et le pédalier en aluminium, le cuir de la boîte de vitesses façon look cuir à l’ancienne… et a fortiori le bouton sport qui trône juste à côté, tout laisse à penser qu’on est dans une sportive.
Je clique tout naturellement sur Sport et désactive le bouton du stop and start. Les clapets de l’échappement s’ouvrent et la voiture ronronne désormais tel un bolide. Une mélodie des plus gratifiante qui s’active entre 2 000 et 3 500 tours dont on se délecte à chaque passage dans les tunnels et dans les parkings.
Le châssis reste ferme, mais pas trop et l’arrière suit bien. On a été tenté de l’emmener par des chemins chaotiques et boueux, où personne n’aurait pensé que la Proceed puisse trouver quelque issue salutaire, et pourtant, elle s’en sort avec les honneurs.
Tout a été déployé dans une quête de séduction : de l’onctueuse boîte de vitesses qui, lors des changements de rapports, se révèle agile aussi bien en milieu citadin qu’autoroutier, en passant par l’ergonomie légèrement orientée vers le conducteur qui est appréciable, même s’il y a un peu trop de boutons… Mais également son rayon de braquage qui surprend étonnamment, jusqu’au choix de la monte de pneus Michelin Pilot Sport 4 qu’elle arbore.
À bord, une pléthore d’options avec Apple Car Play, Android Auto reproduisant votre téléphone sur le tableau de bord. La charge des téléphones par induction — un concept qui est très intéressant, mais qui est trop en avance, car incapable de recharger les vieux téléphones que nous avions en main puisque trop en avance par rapport à nos mobiles soi-disant pas compatibles. Des services connectés (offerts pendant 7 ans !) via TomTom comprenant l’information trafic, la signalisation des zones de danger, la météo en ligne et même le prix de l’essence aux alentours.
Mais son argument le plus redoutable et qui finira par en séduire plus d’un, c’est sa garantie de sept ans ainsi que la mise à jour de la cartographie, pendant cette même durée.
Autant de petites attentions qui démontrent le soin et l’attention du constructeur vis-à-vis du client et c’est sans doute sur ce point qu’il représente un atout gagnant dans un marché ultra foisonnant.
Avec sa nouvelle Proceed, Kia dans sa stratégie de conquête du marché européen, souhaite rassurer et s’est plié en quatre en vue de séduire la clientèle française, qui n’a d’yeux que pour les Allemandes, en sortant les arguments. Reste à savoir si les Français sauront l’entendre de cette oreille-là et se laisseront séduire par cette copie presque trop parfaite d’un constructeur qui reste encore très méconnu dans l’opinion publique.
Photos© Fabien Legrand pour LRA
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