Puis la frénésie s’est invitée sur les réseaux sociaux notamment sur YouTube avec Dana Richards, artiste états-unienne qui a décidé il y a trois mois de tout plaquer pour vivre la vida loca en solo. Un projet somme toute assez fou, car elle a réussi à emménager dans son van un piano, au côté d’un grand lit, le tout dans un décor des plus magique.
Il y a également le réalisateur Jesse Wellens, notoirement connu pour ses canulars et ses productions filmiques parodiques, mais non moins sensationnalistes, qui a décidé de tout quitter et partir avec sa chienne dans un van pimpant et tout aménagé, une configuration de luxe à faire pâlir n’importe quel propriétaire de van, mais surtout une mise en scène impliquant de nombreuses séquences filmées par drone et parfaitement réalisées qui pourrait faire complexer les plus grandes boîtes de production audiovisuelle.
Ou tout simplement, Melissa Le Royer qui a quitté la France pour traverser le Canada, les États-Unis pour ensuite s’implanter au Mexique avec Georgio, son van.
Instagramer sa vie en van, la nouvelle injonction de notre époque
Derrière tout cet engouement de tout plaquer et partir en van se cachent de nombreux symptômes de notre société. Sans doute un réel besoin de se ressourcer, de couper avec le train-train quotidien métro, boulot, dodo, et reconnecter avec la nature, ou alors la volonté d’exploiter un filon afin de s’exposer et vidéodocumenter quotidiennement sur YouTube avec pour seule finalité de créer du contenu médiatique.
Et puis, il y a les puristes, les vrais, ceux qui n’ont pas attendu les derniers événements pour vivre la van life. Et
la van life, c’est tout un esprit, plus que fédérateur, qui implique des notions de partage, d’entraide au quotidien et qui reste loin du soi-disant «
esprit d’aventure que l’on vous montre sur Instagram », analyse Camille, graphiste indépendante qui a décidé de vivre dans son
Volkswagen Transporter T3 de 1982, du nom de Nimbus 2000, et qui tient un journal de ses aventures sur son site
Ontherouteencore.com
Le choix d’un Volkswagen ne relève en rien du hasard. Parce que «
c’était le vintage, ça représente bien la liberté qui s’est fait ressentir quand les premiers combis sont sortis, avec les hippies notamment. La liberté, la raie, le choix d’aller où on veut, quand on veut ». Une liberté qui se relativise certes avec quelques inconvénients, comme le fait de passer deux semaines sans prendre de douche, galérer pour trouver une place pour stationner, car il y a le gabarit à prendre en compte, mais il y a surtout la mauvaise image totalement injustifiée que véhiculent les nomades qui vivent en fourgonnette, etc.
Des aspects que Camille Serrurier, aborde en profondeur dans un prochain ouvrage à paraître, où elle raconte à travers de petites histoires illustrées, la vraie vie en van, les belles ou moins belles histoires, y compris le côté «
dégueulasse » comme, par exemple, vider ses toilettes. Un incontournable loin d’être «
instagrammable » !
Avoir un beau van implique une dévotion physique et budgétaire notable. Des heures, pour ne pas dire des journées à travailler sans cesse, pour forger une personnalité à son van et le rendre unique. À l’instar de Ben, qui a été élu van le plus unique avec Joziane, une customisation d’un
Volkswagen T3 de 1992, qui l’a accompagné à travers deux continents.
Voir du pays en van
Hors compétition, car il n’avait « pas été au courant qu’il fallait s’inscrire en amont pour participer » au concours du plus beau van, Jonathan vaut quand même le détour avec son
Volkswagen Split T1 Camper de 1962. Un van des plus authentique qui a non seulement connu des générations, mais qui a une sacrée histoire. En effet, Marcel a été acheté et commandé aux États-Unis, à Seattle, dans l’état de Washington. Fabriqué en Allemagne puis exporté aux US, puis réimporté en 2016 aux Pays-Bas, puis passé en Belgique, puis encore importé de Belgique en 2020, le voici enfin de retour en France où il a subi quelques améliorations au niveau du moteur, avec un 1 776 cm3 avec deux carburateurs, tout comme au niveau de l’échappement, la boîte de vitesse provenant d’une
Coccinelle et même un kit de freins à disque avant, entre autres.
Le paradoxe de la van life réside dans le fait qu’il y a implicitement une injonction à partager son quotidien et sa belle vie sur les réseaux sociaux, à travers des journaux vidéo documentaires pseudos intimes, mais pas nécessairement objectifs.
Même si les vieux véhicules sont un peu moins fiables de nos jours, ça reste quand même de la mécanique pure qu’on peut toujours réparer. «
Alors, autant réparer ce qu’on a déjà plutôt que de racheter », philosophe Camille.
Heureusement, il persiste toujours un bel état d’esprit dans le milieu du nomadisme en véhicule aménagé. Qu’il soit de collection, décliné à des fins commerciales ou lieu de vie, le van a encore une belle route qui s’ouvre devant lui.