Smart Concept #1 : la révolution conservatrice
Il est toujours déroutant de découvrir, en tant que journaliste comme en tant que client, qu’une automobile originale et unique en son genre peut être remplacée par un modèle bien plus conventionnel. Ce douloureux passage, vécu lors des renouvellements de la
Micra en 2009, de la Twingo en 2007 ou encore de la
C4 Cactus en 2019, se reproduit à l’aube d’une année 2022 qui verra
Smart lancer son premier
SUV de segment B – un équivalent du
Renault Captur ou du
DS 3 Crossback si vous préférez. L’étude de style qui l’annonce, le Concept #1, semble ainsi avoir l’air de tout… sauf d’une Smart.
Eh oui, une Smart dans l’imaginaire, c’est rondouillard, bicolore, avec une cellule Tridion, et surtout c’est super compact ! Avec le
Concept #1, hormis le bicolorisme du toit, on ne retrouve de prime abord pas ses petits dans un modèle qui assume
4,29 m de longueur, au point que son empattement à lui seul (2,75 m) dépasse la taille d’une
Smart ForTwo… Il faut le dire, voir une marque changer ainsi du tout au tout, ce n’est pas courant. Et à propos de courant, tout modèle badgé
Smart depuis 2020 se doit d’être électrique et ce futur
SUV urbain n’y dérogera pas.
Côté style : cap vers la maturité !
Mais avant de parler technique, revenons au style. Le designer intérieur du Concept #1, Henryk Strojwasiewicz, nous a expliqué que la boussole de la marque était d’adopter « un nouveau design, à l’ADN différent, plus mature et plus premium ». Cela se traduit par un style qui passe du « cute et de l’esprit jouet cool à celui d’un produit de valeur, plus du tout enfantin, définitivement adulte et même par l’approche, high tech ».
Le Concept #1 n’échappe pas aux « tics » des études de style : grosses roues, animations lumineuses ou encore portes suicides, « pour montrer l’espace à bord, car on atteint la dimension d’un habitacle d
e Classe E grâce au plancher plat », explique Henryk, qui a aussi travaillé sur le
showcar Mercedes Vision EQS par le passé. La nouvelle identité de
Smart qui s’ébauche se résume selon lui en trois axes : «
des éléments très purs, un traitement sensuel des surfaces, et des optiques dont les faisceaux explosent comme des feux d’artifice, c’est ce que nous appelons en interne un produit sensuel. On l’a voulu aussi avec des détails inattendus, comme certains petits dessins qu’on voit dans le vitrage de la voiture. »
À 90 % fidèle au modèle de série
Reste que 90 % du
SUV urbain Smart de série est là, et que le design du tableau de bord et de la console centrale, moins le revêtement doré, seront conservés. Le toit en verre sera de série et la couleur champagne, elle, est en réflexion, « peut-être pour une série limitée ! » nous dit-on. Première Smart d’une gamme entièrement nouvelle, ce SUV sera hyperconnecté et intégrera une clé digitale en standard, afin d’être partagé au sein d’un cercle (familial, d’entreprise). Il visera les
e-2008,
Mokka-e ou encore
ID.3 et sera, à 1 ou 2 cm près, fidèle aux 4,29 m du Concept #1.
Si les tarifs demeurent secrets, il ne faut pas s’attendre à ce qu’elles soient données, car il n’y a en effet pas qu’en taille que les nouvelles Smart vont grandir ! Le passage à l’électricité ainsi que la montée en gamme devraient se payer cash, et il faut s’attendre à une nouvelle clientèle, moins urbaine, voire moins jeune, pour s’intéresser à ces modèles. C’est aussi pour ça que
Smart vise les SUV, plus générateurs de rentabilité sur le long terme.
Smart is China
Outre le style et la motorisation, l’autre révolution en cours chez Smart est la production, qui s’apprête à quitter l’Europe et notamment la France (l’usine d’Hambach passant aux mains d’Ineos) pour rejoindre la Chine. Délocalisation ? C’est plus que ça : Daimler a confié la marque à son actionnaire Geely, désormais possesseur de 50 % de Smart. La production sera désormais chinoise avec un objectif de conquête dans l’Empire du milieu, aux États-Unis et en Europe, où Smart ferraillera en tant que concurrent direct de Mini.
Qui dit Chine ne dit pas forcément moins bonne qualité ni prix plus attractif : une
DS 9 et une Volvo S90 le montrent bien. En revanche, cela signifie une concentration pour Smart de la production du modèle au plus proche de la construction de ses batteries. Ainsi, la marque estime réunir « le meilleur de deux mondes : design Mercedes, fabrication et technologie Geely. »
Côté technique, le secret demeure
Smart reste maître des horloges et n’annonce que peu d’éléments techniques. Tout juste sait-on qu’il y aura 5 places avec une banquette modulable (contrairement aux 4 sièges indépendants du concept) et que l’autonomie visée est de 430 km WLTP. La recharge se fera jusqu’à 100 kW (400 volts), mais la capacité de la batterie demeure secrète, comme… tout le reste ! Patience donc, la présentation aura lieu au 2d semestre 2022 avant une production lancée au tournant de 2023. Mais n’allez pas croire que la marque compte dormir jusque-là : au contraire, Smart France, représentée par Cyril Bravard, son PDG, a l’ensemble du réseau Smart à repenser !
«
Notre modèle, c’est la vente directe comme une plateforme d’e-commerce, avec un même outil pour nos clients comme nos agents », explique M. Bravard, une méthode déjà vue chez Citroën pour la petite Ami. «
Nous rassemblerons un réseau plus restreint que les 100 points de distribution actuels, avec de nouveaux investisseurs, mais aussi une partie du réseau Smart actuel, le tout soutenu par le réseau Mercedes. Chaque agent proposera une expérience physique, en plus de la configuration, du financement et de la livraison. » Un gros travail qui devra être achevé avant le lancement du futur SUV issu du
Concept #1 : qu’on se le dise, chez
Smart, une révolution est en cours, mais vers des modèles et des tendances plus conservatrices qu’avant.