Retour aux sources ?
Le fondateur, Carlo Abarth, ne serait pas déçu en voyant ce nouvel opus de sa 124 Spider. Comment pourrait-il en être autrement ? En effet, son roadster séduit plus que jamais avec son habitacle rejeté sur le train arrière, sa calandre hexagonale en nid d’abeille, ses feux arrière étirés, sa double sortie d’échappement parée de quatre canules, son extracteur d’air, ses boucliers enveloppants et ses jantes de 17 pouces laissant entrapercevoir des étriers de freins rouges fabriqués par Brembo.
Son long capot moteur revêtu d’une peinture noire mate n’est pas qu’un effet de style. Il fait référence au passé triomphant des Abarth 124 de rallye. Souvenez-vous dans les années 70, la 124 victorieuse dans le Championnat d’Europe des rallyes et préparée par les sorciers de la maison Abarth était bicolore. Les ingénieurs peignaient le capot de leur bolide en noir pour atténuer les reflets et les éblouissements du soleil sur le capot. Une astuce toute simple qui lui assura le succès médiatique et la notoriété auprès de ses fans.
Vous me direz que ce ne sont que quelques « gimmicks » pour planter artificiellement un décor ! Et c’est vrai qu’en regardant la fiche technique il y a de quoi se poser la question.
Alors que la concurrence teutonne va jusqu’à proposer des 6 cylindres de 3 litres aidés par des turbocompresseurs cumulant plus de 350 chevaux (ex : Mercedes SLC 45 AMG, BMW Z4 ET AUDI TT RS), l’Italienne n’avance qu’un petit 4 cylindres de 1,4 litre développant 170 canassons. Une différence qui semble, de prime abord, irrécupérable. Sauf que notre Abarth est un vrai poids plume, avec seulement 1060 kg sur la balance. De quoi s’enorgueillir d’un très bon 6,24 kg/ch. Question performances brutes, Abarth annonce un 0 à 100 km/h en 6,8 secondes alors que la vitesse atteint tout de même les 232 km/h.
Comparatif des perfomances entre notre Abarth 124 Spider et l'Audi TT 230 Roadster :
Route sinueuse en vue !
Vous l’aurez compris, cette Italienne n’est pas vraiment faite pour filer à tout berzingue sur Autobahn ou battre des records sur des drag-race. Non, elle, c’est une « ritale » dans l’âme qui ne s’exprimera pleinement que sur les routes escarpées et virevoltantes de la côte amalfitaine. C’est certainement la raison pour laquelle Abarth a mis à ma disposition une 124 Spider équipée de la boîte mécanique à 6 rapports – il existe également une boîte automatique avec palettes au volant en option au prix de 2 000 € - sur les routes du sud de la Corse.
Un imparfait proche du plus-que-parfait !
Comme piqué par la folie du Scorpion, je me jetais avec frénésie dans le cockpit du bolide. En appuyant sur le bouton poussoir badgé du « START », mon Abarth se mettait, elle aussi, à s’égosiller avec enthousiasme.
« Pas de temps à perdre. C’est le moment de lâcher la cavalerie ! », m’exclamais-je à haute voix.
Pris d’une fièvre poussant mon pied droit à ne plus décoller du plancher, j’amenais très rapidement le petit moteur à œuvrer dans les hauteurs de son compteur. Non seulement il s’y lançait d’une cadence vigoureuse, mais en plus en produisant des vocalises envoûtantes.
En écho à ce délicieux chant des sirènes sorti du pot d’échappement Record Monza, mon poignet droit se mettait à danser de façon coordonnée avec mes souliers pour exécuter des talons-pointes à la vitesse de l’éclair. Un balai inaccoutumé, rendu possible grâce à un pédalier idéalement disposé et à une boîte mécanique à la fois courte et directive.
Virage après virage, mon rythme s’intensifiait.
À chaque entrée de courbe, après un appui prolongé sur les freins, le popotin de l’Abarth prenait inexorablement ses aises en se rapprochant de l’extérieur de la trajectoire. Le regard cramponné sur la sortie de virage, je remettais prestement les gaz pour ressortir de la courbe, accompagné d’un léger contre-appel et de joyeux crissements des pneumatiques Bridgestone.
Si l’ESP était entièrement déconnecté, le différentiel à glissement limité s’occupait de l’adhérence du train arrière, en augmentant la vitesse de rotation de la roue extérieure. Ce système mécanique de série, emprunté à la compétition, s’avérait mon meilleur allié pour ne pas perdre le contrôle du spider.
Moi, je vous dirais : certainement. Car l’une comme l’autre vous donneront à coup sûr la banane après quelques petits kilomètres à bord. Pour le reste, c’est en fin de compte une histoire de budget et de goût.
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