Texte Emmanuel Genty
Photos Laurent Sanson, Jean-Michel Salmon et Emmanuel Genty
Lancé en cours d’année dernière, le Vitara est un vrai succès, à l’échelle de Suzuki : plus de 4 000 exemplaires se sont déjà vendus en France en 2015 et le constructeur mise sur 6 800 exemplaires pour 2016. À tel point que ce crossover urbain fait de l’ombre à son aîné le S-Cross, à qui il a emprunté sa plateforme et ses motorisations (essence et Diesel 120 ch). Et, comme lui, il reçoit une nouvelle transmission : une boîte automatique double embrayage à 6 rapports baptisée TCSS (Twin Clutch System by Suzuki) et associée à la motorisation Diesel et à la transmission intégrale AllGrip. Pour savoir si elle présente un intérêt compte-tenu de son surcoût par rapport à la boîte manuelle (+1 600 euros), nous sommes allés essayer ce Vitara automatique, à la montagne, sous la neige. Ce qui, au passage, nous a permis de valider ses aptitudes quand les conditions de route se dégradent.
Direction la montagne
Notre parcours nous menait de Genève vers la station haut-savoyarde de Praz de Lys Sommand. Un peu d’autoroute pour passer la frontière et se rapprocher des montagnes, de la nationale ensuite puis des lacets et des épingles pour accéder à la station, le tout sous la pluie et la neige avec même parfois de la glace sous les pneus : le cocktail était parfait. Notre petit 4x4 s’en est tiré comme un chef, doublant allègrement sur les pentes enneigées les voitures qui peinaient et finissaient sur le bas-côté pour passer aux chaînes.
La motricité restait constante grâce au mode Neige de la transmission, qui fait jouer en permanence la distribution du couple entre l’avant et l’arrière pour remédier à toutes les situations. Mais même en mode Lock (répartition 50/50), notre Vitara n’a rencontré aucune difficulté. Nous nous sommes appliqués à bien prendre nos trajectoires et nous sommes arrivés au pied des pistes en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire.
Alors cette boîte auto ?
La nouvelle boîte double embrayage TCSS utilisée par Suzuki sur le Vitara est d’origine Fiat, mais a été « optimisée » par le constructeur japonais pour plus de douceur. Elle compte six rapports, comme la boîte manuelle et l’autre boîte automatique à convertisseur de couple (du Vitara essence) et est facturée comme cette dernière : 1 600 euros. Elle bénéficie d’un mode manuel, soit avec le levier, soit avec des palettes placées derrière le volant.
Elle se montre agréable à l’usage, égrenant les rapports en douceur, sans à-coups particuliers. Sa plage de passages de rapports reste cependant assez élevée ce qui entraîne sans doute une légère surconsommation. En tout cas, elle se montre très pratique en ville, pour circuler en accordéon entre les feux par exemple et sur une route de montagne enneigée. Le conducteur peut alors se concentrer sur sa vitesse, ses freinages et sa trajectoire sans ôter ses mains du volant, ce qui est toujours mieux quand on conduit dans des conditions délicates. En descente verglacée notamment, nous avons apprécié de ne pas avoir à nous soucier des passages de rapport.
Mais cet agrément ne se retrouve qu’avec la motorisation Diesel 1.6 DDiS 120 chevaux, qui bénéficie d’un couple de 320 Nm à 1 750 tours/min et donc du double embrayage TCSS. Nous avons aussi testé le Suzuki Vitara automatique avec la motorisation essence 1.6 VVT 120 chevaux et sa boîte à convertisseur de couple. Là, ce n’était plus le même tableau. À cause du manque de couple (156 Nm à 4 400 tours/min), les sensations, y compris sonores, sont celles d’une boîte CVT, pour des performances insuffisantes et une consommation élevée (plus de 8,5 litres/100 km contre moins de 7 litres/100 km en Diesel). Il faut sans cesse jouer des palettes, ce qui n’est pas forcément le but du jeu. On s’attend à un résultat plus convaincant avec le moteur 1.4 Boosterjet 140 ch du Vitara S qui arrivera au printemps et qui devrait bénéficier de la boîte TCSS double embrayage.
Un SUV plaisant à vivre
Pour un petit modèle de 4,17 mètres, le Vitara offre une habitabilité honorable, avec une belle garde au toit pour les passagers avant et arrière. La contenance du coffre est dans la norme avec ses 375 litres, sachant qu’un peu d’espace supplémentaire peut être récupéré sous le plancher. Sièges arrière rabattus, on monte à 710 litres. Le confort est correct, même si les sièges manquent un peu d’épaisseur et de maintien latéral. D’apparence simple, la planche de bord ne souffre pas de défauts d’ajustement et les commandes sont ergonomiques, notamment celles du système multimédia GPS à écran tactile 7 pouces compatible MirrorLink et Apple CarPlay.
Alors bien sûr, on aurait préféré un peu moins de plastiques durs et un peu plus de matières moussées mais on ne peut pas tout avoir, car Suzuki n’a pas rogné sur l’équipement. Certes nous avions à l’essai un Vitara en finition haute Pack, mais il comprenait notamment les sièges chauffants, le régulateur de vitesse adaptatif, l’ouverture et le démarrage sans clé et le système de freinage d’urgence RBS.
Bilan comptable
Si vous désirez un Suzuki Vitara à boîte automatique, mieux vaut choisir la motorisation Diesel et la boîte TCSS que la motorisation essence et la boîte auto classique. La première configuration vous portera partout avec la même allégresse quand la deuxième ne sera agréable à utiliser qu’en ville. Mais il est vrai que cela se paye au prix fort puisque cette boîte double embrayage n’est proposée qu’en finition haute Pack avec la transmission intégrale AllGrip. Comptez-donc 27 190 euros contre 22 890 euros pour un Vitara essence automatique en deux roues motrices, lui aussi en finition Pack. Mais l’agrément, et l’utilité à la montagne, ne sont vraiment pas les mêmes.
Note : 14/20
Bien vu
- L’agrément du duo moteur Diesel et boîte double embrayage
- La motricité impeccable, même sur la neige
- L’espace intérieur très convenable pour le gabarit
À revoir
- Le côté bruyant du moteur Diesel
- La présentation intérieure un peu fade
- L’absence de cette boîte TCSS sur les versions 2 roues motrices
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