Le 10 avril, les autorités françaises frappaient fort. Dans un communiqué, le gouvernement annonçait l’immobilisation administrative de près de 400 000 véhicules Toyota et Mercedes-Benz, toujours équipés d’airbags Takata jugés dangereux. L’argument : un risque d’explosion du générateur de gaz de l’airbag, avec projection de fragments métalliques, parfois létaux. Le ton employé ? Proche de l’alerte nucléaire, avec des termes comme « risque vital » ou « interdiction de circuler » martelés comme un avertissement à la population.
Sauf que voilà, le problème n’est pas nouveau. Et surtout, il n’a pas attendu l’activation d’une cellule de crise hexagonale pour être traité. Du côté de Toyota, on rappelle que les campagnes de rappel liées aux airbags Takata sont en place depuis 2015. Qu’elles concernent des véhicules produits entre 2001 et 2011, et qu’à ce jour, l’écrasante majorité des clients ont déjà été informés, rappelés, relancés, et pour beaucoup, corrigés.
En clair : le gouvernement découvre une urgence que les constructeurs gèrent depuis bientôt dix ans. On est donc plus proche d’un effet de manche que d’un effet de surprise.
Dans sa réponse, Toyota France déroule le dossier avec méthode, comme pour rappeler que si l’on veut parler sécurité, mieux vaut partir de données vérifiées.
Le rappel a été lancé sur les véhicules concernés dès que les risques ont été identifiés. Depuis, les propriétaires ont été contactés plusieurs fois, via courrier, SMS, e-mail, ou appels directs. Certains même, probablement assez régulièrement pour reconnaître le numéro d’appel du service client Toyota sans le lire.
Le chiffre de 180 000 véhicules avancé par l’État inclut toutes les Yaris immatriculées en France entre 2001 et 2011, qu’elles soient encore en circulation ou non. Autant dire qu’on additionne les torchons, les serviettes, et les épaves déjà parties en Pologne. Le nombre de véhicules encore équipés d’un airbag non remplacé est bien inférieur, selon la marque, mais aucun chiffre précis n’est pour l’instant public.
Contrairement à ce que sous-entend le communiqué gouvernemental, Toyota n’a jamais refusé d’appliquer les mesures nécessaires. Au contraire : la marque affirme travailler en coopération avec les services de l’État et les organismes techniques concernés.
Le constructeur rappelle que l’intervention est gratuite pour tous les clients concernés, sans limite de kilométrage ni de propriété. Mieux : certaines concessions proposent un véhicule de prêt durant l’opération. Pas pour vous vendre une hybride, non. Juste parce qu’une voiture immobilisée est une voiture qui ne roule pas… et ça, même un constructeur japonais a du mal à l’encaisser.
Le cœur du malentendu réside dans l’interprétation des chiffres. Quand l’État parle de 400 000 véhicules, il s’agit d’un parc théorique, c’est-à-dire l’ensemble des véhicules immatriculés entre telle et telle année, sur tel modèle, avec un équipement potentiellement concerné. Mais en dix ans, combien sont déjà passés en casse ? Combien ont été corrigés ? Combien sont stockés sur cales dans une grange en Corrèze ?
En ne faisant pas la distinction entre véhicules immatriculés historiquement et véhicules encore à risque technique, le chiffre avancé perd de sa pertinence, et crée un effet de panique qui n’a rien de proportionné. Toyota le dit poliment, mais fermement : "Ce chiffre ne reflète en rien la réalité du parc roulant aujourd’hui concerné par une action technique en attente."
Cette réponse mesurée mais précise met en lumière une fracture bien connue entre les temps longs de l’administration et les réalités opérationnelles des marques automobiles. Les rappels Takata ne datent pas d’hier. Les protocoles sont rôdés. Et la communication client, bien que perfectible, a déjà fait ses preuves.
Alors pourquoi cette soudaine fermeté de la part des autorités ? Peut-être parce que dans un contexte où l’image de la sécurité routière est un enjeu politique, il vaut mieux crier un peu trop fort que pas du tout. Ou parce qu’un bon coup de projecteur sur une vieille affaire permet de faire oublier les retards sur d’autres dossiers, comme les ZFE ou les bornes de recharge.
Toyota poursuit donc son travail de rappel avec le flegme d’une entreprise qui a l’habitude d’être tenue pour responsable des effets secondaires d’un composant qu’elle n’a pas conçu. La marque invite tous les propriétaires de Yaris millésime 2001–2011 à vérifier leur numéro de série (VIN) sur le site dédié, à prendre rendez-vous en atelier, et à ne pas confondre une campagne de rappel technique avec un avis de tempête.
L’État, lui, maintient pour l’instant son positionnement. Les cartes grises restent bloquées tant que les opérations ne sont pas closes. Et les préfectures suivent les consignes. Comme si le fait de figer les voitures allait suffire à faire disparaître les coussins rebelles.
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