Découverte Peugeot E-208 GTI : le mordant du Lion serait-il de retour?

La GTI fait dans la finesse… ou pas?

Profitant de sa participation aux 24h du Mans, le Lion a ainsi dévoilé sa nouvelle 208 GTI, attendue notamment depuis qu’Alpine a sorti son A290 pour investir le marché des compactes sportives… mais électriques.

Il y avait une certaine attente sur la motorisation utilisée mais également sur le style affiché. Au moment du reveal, on reconnait clairement la 208 actuelle mais plus musclée et surtout exhibant des jantes qui ne passent définitivement pas inaperçues.

De prime abord, on pourra penser que la marque n’a pas fait de réels efforts pour développer le style de cette version mais il faut remettre dans un contexte économique où Stellantis impose des économies à tout niveaux. Là où chez Alpine on a pu avoir moins de contraintes pour développer la A290 à partir de la R5, il a fallu ruser chez Peugeot.

En scrutant plus attentivement la carrosserie, la version GTI dispose de touches de rouge autour du blason Peugeot, en bas de pare-chocs (avec une triple encoche) ou encore à l’intérieur des phares. Si la plaque GTI rétroéclairée que vous voyez sur les photos est une excellente idée, celle-ci restera une simple idée pour le reveal.

De profil, la E-208 GTI est rabaissée de 30 mm, dispose de passage de roues aérés et augmentés (+3 cm à l’arrière et 5 cm à l’avant) et de jantes spécifiques de 18 pouces, affichant un immense GTI tape à l’oeil certes mais stylé. A l’arrière, le diffuseur a été entièrement retravaillé pour le muscler et version électrique oblige, est dépourvu de canule d’échappement, sans pour autant paraître vide.

En prenant un peu de recul et sans pour autant être un expert de la GTI d’antan, cette version n’est pas un copié / collé remis au goût du jour. Néanmoins, j’y perçois certains gênes de celle-ci et c’est d’ailleurs ce que les équipes de Matthias Hossan ont voulu : ne pas tomber dans la facilité et plutôt essayer de faire une réinterprétation.

Dévoilée dans une teinte rouge inédite (dans le sens où elle fait plus opaque et vive que le rouge Elixir de la 208 normale), cette couleur trouve écho à l’intérieur avec les fameux tapis de sol de sa prédécesseur.

Là encore, les designers ont dû composer avec peu en mettant l’accent sur des élément bien visibles, à savoir des touches de rouges sur les aérateurs, le volant à double méplat (avec un GTI incrusté)en alcantara, matière que l’on retrouve d’ailleurs sur les contre-porte également.

Mais finalement l’élément le plus visible est le nouveau format des sièges baquet bien enveloppant et faisant un clin d’oeil à la 205 GTI avec l’usage de certains motifs.

Une GTI oui mais électrique.

Techniquement, la 208 GTI reprend les organes qui lui revenaient de droit, avec une puissance de 280 ch et 345 Nm de couple.

S’il n’y a pas de chiffre officiel concernant son poids, elle se targue malgré tout d’effectuer le 0 à 100 km/h en 5,7s contre 6,4s pour une Alpine A290. Comme pour feu la 308 GTI II, cette bombinette pourra compter sur un différentiel à glissement limité Torsen afin d’optimiser le grip en sortie de courbe.

Mais électrique oblige, la vitesse de pointe est limitée à 180 km/h et l’autonomie bien moins importante qu’une thermique, annoncée à 350 km, celle-ci devant se contenter de la batterie de 54 kWh de la E-208 normale (pour 410 km d’autonomie). Face à elle, l’Alpine A290 fait à peine mieux avec une batterie de 52 kWh pour une autonomie annoncée de 364 km (je vous remets au passage notre article).

Autant dire que le plaisir devrait être de courte durée et qu’il faudra passer souvent par la recharge. Celle-ci s’effectue en moins de 30 minutes pour passer de 20 à 80% à 100 kW sur une borne ultra rapide et 4h40 sur une wallbox de 7,4 kW.

Les commandes pourront se faire à l’automne et les premières livraisons auront lieu au premier semestre 2026.

Pas le choix, il fallait la sortir en électrique.

Une GTI 100% électrique, est-ce pour autant un sacrilège de la part de la marque? Cela serait un raccourci facile à prendre mais si vous remettez l’arrivée de cette GTI dans son contexte, vous comprendrez que Peugeot n’avait guère le choix.

En 2023, la 208 accueille son restyling pour lui permettre de tenir encore 2-3 années, celle-ci est donc dans la dernière ligne droite de sa carrière.

Mais avec la politique de rationalisation extrême imposée par Carlos Tavares, la marque ne disposait d’un réel bloc moteur pouvant accueillir une puissance digne d’une GTI, étant donné qu’il ne subsiste au catalogue que des déclinaisons du PureTech avec une puissance maximum portée à 136 ch / 145 ch.

Il aurait ainsi fallu investir dans une évolution de ce moteur mais en composant avec un bloc 3 cylindres, moins bon pour la fiabilité en haute performance (il suffit d’ailleurs de se pencher sur Ford et son bloc EcoBoost dont la Fiesta ST jouit).

Repartir sur un bloc 4 cylindres tel que celui développant 180 ch par exemple (vu sur C5 X entre autres) aurait pû être intéressant mais encore fallait-il qu’il puisse rentrer dans le compartiment sans sacrifier les performances : là encore, cela aurait coûté en temps comme en argent.

La solution la plus rationnelle était donc de s’orienter vers un moteur électrique, les puissances étant plus faciles à développer et surtout, le groupe Stellantis en avait déjà un de 280 ch à disposition, dans un premier temps sur la Lancia Ypsilon H/F avec 240 ch (puis l’Abarth 600 et enfin l’Alfa Roméo Junior Veloce à 280 ch).

Clairement, choisir une marque qui revient de loin et qui a tout à prouver sur un marché qui se passait bien de Lancia jusqu’à lors, n’était pas judicieux.

Une erreur de casting qui aurait pu permettre à la GTI de probablement naître plus tôt et s’imposer plus facilement sur le marché, l’électrique étant plus en vogue il y a 2 ans. La prochaine génération de 208 aura t-elle le droit à une version GTI d’antan avec moteur thermique (au pire légèrement hybridé) et un boîte manuelle?

Cela n’est pas impossible, étant donné que les tendances vers l’électrique sont mises à mal ces derniers mois et qu’il y aura toujours un public pour des compactes sportives thermiques. Affaire à suivre.