Essai Audi SQ8 e-tron : Point Break

Beau gosse bodybuildé

En soi, au moment de sa sortie, l’e-tron portait sur ses épaules le poids d’une entrée attendue dans le monde de l’électrique pour Audi. Si l’on a pu apprécier une identité propre ainsi que des prestations et des finitions à la hauteur d’un modèle premium, son autonomie avait laissé sceptique (comme le Mercedes EQC d’ailleurs). Autant dire qu’au moment de la présentation de cette version restylée, les ingénieurs ont bien montré qu’ils ont souhaité corriger le tir pour également mieux l’intégrer dans la gamme actuelle, aux côtés des e-tron GT et Q4 e-tron. Quitte à effectuer un essai aussi loin des lieux habituels, autant choisir une version qui détonne dans le paysage, et ce SQ8 détonne en Bleu Ultra.

Il se montre également aguicheur avec ses 3 moteurs électriques produisant un titanesque couple de 973 Nm pour 503 chevaux et un 0 à 100 km/h expédié en 4,5 secondes. Ainsi, ce nouveau SQ8 e-tron reçoit un repoudrage assez conséquent par rapport aux habitudes de la marque, avec une face avant profondément remaniée, améliorant au passage l’aérodynamisme du bestiau.

En optimisant la chimie des batteries ainsi que leur conception globale, cette version rafraîchie portée à 114 kWh (106 kWh net) propose 513 km d’autonomie pour la version SQ8 Sportback (494 km pour la version e-tron non coupée). C’est bien mieux que les 372 km de l’ancienne version S. Esthétiquement, il arbore un look de beau gosse bodybuildé et se reconnaît avant tout aux phares soulignés par la calandre ainsi qu’au logo Audi éclairé. De profil, le SQ8 Sportback affiche toujours une silhouette élancée et bien campée sur ses roues de 22 pouces. À l’arrière, point de changement, hormis le nouveau logo flat design de la marque pour un style global qui en impose toujours avec son immense signature lumineuse. L’intérieur n’a pas changé d’un iota, et c’est tant mieux.

La qualité perçue est toujours aussi bonne et l’agencement des différents éléments reste pratique au quotidien. SAUF QUE… ce modèle d’essai dispose des rétroviseurs électroniques qui m’avaient déjà laissé sceptique, la dernière fois, dans l’appréhension des distances. Il faut certes s’y habituer, mais on ne me la fera pas à l’envers : c’est surtout l’ergonomie du rétroviseur gauche qui fait défaut, avec un écran en partie (voire totalement) caché par le bras. Malgré son profil de coupé, les passagers arrière seront toujours bien logés, tandis que le volume de coffre reste bon pour la catégorie, avec 615 l (vs 660 l pour le Q8 e-tron normal), et surtout la présence d’un frunk (coffre à l’avant) afin de ranger les câbles de recharge.

Est-il relou ?

Comme c’est un simple restyling, cet e-tron conserve de bonnes qualités routières avec une certaine aisance dans les relances, et surtout un bon niveau de confort et d’insonorisation au fil des kilomètres.

La suspension pneumatique lisse une partie des aspérités de la route et compense dans l’ensemble les imperfections, mais les jantes de 22 pouces dégradent toutefois le confort pour rendre le SQ8 un peu sec. Malgré son gabarit, la suspension limite bien les mouvements de caisse de ce SQ8 dans les virages serrés. Assez rare pour être souligné, le feeling offert par la pédale de frein sur cette version 100 % électrique est bon, avec un ressenti plus naturel et évitant ainsi le côté spongieux jusqu’alors rencontré sur bon nombre de modèles. Il offre également du mordant et assez d’endurance pour ralentir ce gros SUV. Version sportive oblige, le SQ8 e-tron est dynamique lorsque l’on a le pied plus lourd et enchaîne les virages sans être pris en défaut. Il faut toutefois relativiser, car le poids de ce modèle flirte avec les 2,6 t, et cela se ressent malgré tout au global. Le SQ8 bouge bien, mais il n’est pas aussi vif que des équivalents thermiques.

Fatalement, cela a un impact sur la consommation, qui s’envole aux alentours des 33 kWh dans les montagnes, malgré des températures correctes. En revenant à des allures plus modérées et malgré les nouveautés apportées par ce restyling, la consommation globale reste élevée avec un bilan à 27,4 kWh.

L’autonomie réelle se situe ainsi aux alentours des 386 km. C’est mieux qu’avant le restyling, mais cela vous limitera sur autoroute si vous souhaitez vous y aventurer. Côté capacité de recharge, le SQ8 s’en tire bien avec 170 kW sur les bornes de recharge rapide, permettant de récupérer jusqu’à 80 % de la batterie en 31 minutes.

La recharge en courant alternatif s’effectue, quant à elle, via un chargeur de 11 kW de série en 11 h 30 ou via un chargeur de 22 kW, en option à 1 950 €.

Pour un tour ou pour toujours ?

Pour ce restyling, les tarifs sont en légère augmentation, allant de 86 700 € (version 50 de 340 chevaux) à 107 300 € (version 55 de 408 chevaux en haut de gamme). La version Sportback nécessite d’ajouter 2 600 € pour obtenir quelques précieux kilomètres supplémentaires sur l’autonomie.

Si les tarifs de la version SQ8 ne sont pas encore communiqués, ceux-ci devraient être bien supérieurs aux versions 55. Sur ce marché de niche, les concurrents de ce Q8 e-tron sont toutefois plus nombreux qu’auparavant.

Le BMW iX vient s’intercaler entre un Q8 e-tron haut de gamme et le SQ8, avec sa version xDrive50 de 523 chevaux offrant de 555 à 633 km d’autonomie et avec des tarifs à partir de 107 950 €. Le bavarois place la barre un peu plus haut avec une version M60 de 619 chevaux avec 502 à 560 km d’autonomie, mais pour un tarif salé de 136 500 €. L’ambiance intérieure y est plus luxueuse et plus chaleureuse que dans le SQ8 et le BMW enfonce le clou avec des tarifs de recharge plus avantageux sur courant DC et bornes IONITY via l’abonnement.

Mercedes propose également son récent EQE SUV, mais à des tarifs supérieurs au Q8 e-tron, allant de 93 150 € à 105 850 €, et avec des autonomies sensiblement identiques. Il dispose toutefois de tarifs de recharge plus avantageux.