Essai Renault Trucks K520 8x8 : rien ou presque ne l'arrête

Renault Trucks était anciennement une filiale de Renault ; désormais, l'entité fait partie du Volvo Group. Ce camion poids lourd porte un nom de modèle peu civilisé car il se destine au marché des véhicules de travail et de chantier, plus précisément.

Dans le jargon de Renault Trucks, le « K » signifie que notre poids lourd est essentiellement destiné à la carrière, donc le niveau de confort reste spartiate comparé à un Renault Trucks « C » qui a vocation à approcher les chantiers et à emprunter aussi souvent les routes. Enfin, les « T » sont les longs routiers que vous pouvez apercevoir sur les autoroutes ; ces poids lourds peuvent aller au-delà de 38 tonnes. Ces derniers sont équipés de feux LED, et la cabine offre un espace de vie pour le routier des plus notoires.

Dans un décor surréaliste d'une carrière datant de la fin du XVIIIe siècle qui rappellerait étrangement la topographie du Mont Baldy et des topographies californiennes, certes à échelle européenne. Les coupes et flancs de vallées offrent une vue découpée des sols, qui se présentent sous un panachage de couleurs et de natures de roche qui donnent l'impression presque d'être dans un paysage lunaire parfois.

Le balai des camions est des plus réguliers. Tous vont chercher ces granulats qui serviront à des matériaux de terrassement, du gravillon, pour faire des chaussées et notamment pour ballast, ce caillou qui répond à des critères très particuliers que l'on saupoudre le long des rails pour la circulation des trains. Le granulat se vend à la tonne et pour les déplacer, pas d'autre choix que les chargements en benne. Notre K520 est équipé d'une benne KH-Kipper capable d'embarquer 50 tonnes. Une prouesse possible uniquement sur chemin privé car sur route publique la limitation imposée est de 32 tonnes.

Pour conduire le Renault Trucks K520, il vous faudra le permis C poids lourd. Embarquons à son bord. Il faut saisir les points d'accroche et se hisser tel un enfant qui veut atteindre la hauteur vertigineuse d'un toboggan. Dans cette cabine suspendue, nous prenons place sur l'un des trois sièges, dont deux des plus confortables et suspendus - le fameux qui rebondit en fonction de votre conduite.

Un clic sur le bouton start et c'est parti, nous réveillons le moteur 13 litres de 520 CH. Un doux bruit qui au début peut surprendre tellement on n'a plus l'habitude de moteurs thermiques ou de cylindrées viriles.

Le grand volant s'incline et se règle à souhait en appuyant simplement sur une pédale à gauche. On enclenche via un commodo le premier rapport et hop ! Le frein moteur se dessert automatiquement et c'est parti. La boîte robotisée de 12 rapports se charge de vous faire conduire ce camion avec une facilité des plus déconcertantes.

Il faut juste penser à prendre large pour les virages et ça passe incognito grâce aux nombreux rétroviseurs qui permettent des manoeuvres des plus précises. Sa vitesse est bridée comme tous les autres camions à 90 km/h et pour freiner, vous disposez d'un système de ralentisseur, qui coupe l'échappement et les soupapes pour préserver les disques et le frein. Direction cette pelle Liebherr pour faire un chargement dans la benne. 20 tonnes svp ! Un peu de manœuvre, et un pouce en l'air puis « Schhllloummm ». Deux minutes après, je suis prêt pour aller livrer.
Me voici à la tête d'un petit convoi de 42 tonnes. Une fois chargé, on asseoit un peu plus les amortisseurs et la conduite est plus stable, même si le camion prend plus de vitesses en descente.

La consommation, vaste sujet pour se faire du mal : « on n'en parle pas ! Car c'est plutôt énorme » me souffle-t-on dans l'oreillette. « Petit réservoir de 275 litres avec AdBlue». Car, les camions sont soumis à des critères redoutables et ont adopté bien avant les automobilistes, les normes Euro 6.
Pour déverser la benne, il suffit d'enclencher une manette à gauche et la benne se redresse. C'est un rêve de gosse qui se réalise !

Le camion propose également un mode de conduite off road, ainsi que la possibilité de passer les rapports soi-même. Et ce mode des plus redoutables qu'on apprécie particulièrement : l'aide au démarrage en côte.
Le camion avec ses roues de 22,5 pouces et ses quatre roues directrices passe vraiment partout, sentier boueux, pentes vertigineuses, c'est un 8x8 de « l'extrême » confirme Didier, un pilote de poids lourd des plus chevronnés qui l'a déjà placé sur des pentes à 45 voire 50 pourcent. « C'est un camion qui est fait pour aller dans le dur, il va là où les autres ne vont pas » renchérit-il.
Petite singularité mais gage de robustesse, le camion K peut être carrossé et équipé pour des usages militaires.

Ce véhicule de travail dont le montant oscille autour des 100 000 euros, benne comprise, peut se configurer d'une pléthore de façons et devenir citerne ou camion béton ou encore camion « pouet pouet ». Gaffe quand vous descendez à ce que le genou ne donne pas un coup de corne, l'effet des plus drôles après coup peut faire sursauter.