Une prestance sexy
La belle mélodie des voitures sportives tend à disparaître. La faute à la réglementation qui vise le 0 carbone. Avant que le ciel leur tombe sur la tête, nous tenons à tirer d’elles leur quintessence. Et pour nous, il n’y a qu’un seul lieu pour cela : le
circuit de La Ferté Gaucher. Les 3 kilomètres 500 de bitume sont au diapason de la cavalerie se cachant dans les entrailles des deux bestioles.
L’
Alpine A110 S dispose du plus petit des deux.
Son 4 cylindres turbo ne cube « que »
1,8 litre et développe 292 canassons pour 320 Nm de couple disponible à partir de 2 000 tr/min.
La
Cupra Formentor VZ fait mieux. Son
4 cylindres turbo à injection directe de 2 litres compte pas moins de 310 chevaux dans son écurie, pour un couple de 400 Nm présent à partir de 2 000 tr/min.
De prime abord, la sensuelle machine espagnole semble prendre l’avantage.
Eh bien, il n’en est rien.
La petite Française se la joue anorexique avec une masse globale de seulement 1 123 kg alors que l’Ibérique s’annonce à 1 644 kg.
Forcément, une telle différence de poids se voit sur les chronos.
L’
A110 S franchit la barre des 100 km/h en 4,4 secondes, alors que la
Formentor en demande 4,9. L’une comme l’autre sprinteront à 250 km/h sur Autobahn, mais voilà.
La
Cupra reprend l’avantage par son habitacle.
Magnifiquement bien assemblé, le mobilier resplendit par ses ajustements et ses matériaux nobles. Le gris se superpose avec le noir aussi bien sur la planche de bord que sur les sièges sport revêtus de cuir et d’un doux alcantara.
L’espace y est gargantuesque par rapport à l’
Alpine qui se contente de deux places et de deux vide-poches, prenant le nom étrange de coffre. Le mobilier n’est pas à la hauteur de sa robe. Une mention particulière au très pénible système multimédia, petit, inefficace et compliqué à faire fonctionner.
Bref… on est mieux dans une
Cupra que dans une
Alpine même si son cockpit resplendit de ses multiples gris.
Un toucher sensuel
Une beauté, c’est certes le ramage, mais c’est également le plumage.
La
Cupra séduit de suite par ses yeux effilés de grand félin.
A contrario, l’
Alpine est plutôt du genre «
regard globuleux et petit nez arrondi ».
Si l’une est basse et semble comme happée par la route, l’autre cherche à s’en éloigner le plus possible pour atteindre les cimes. L’une et l’autre sont chaussées de jolis souliers au style sombre. Ils laissent présager du tempérament des deux belles.
Je tiens à vous prévenir d’une chose. Si vous les caressez, vous tomberez sous le charme de leurs rondeurs. Cette teinte mate, imite le toucher d’une peau bronzée par le soleil estival de la Méditerranée. Elle sent le chaud, attire le regard et vous happe dans son univers sensoriel. Il sera vraiment difficile de lever votre main de ses galbes.
Mais les trémolos arrivent dès que l’on enclenche leurs cœurs.
L’Alpine pétarade avec joie et force en mode «
Sport ». L’Espagnole semble tout d’un coup bien timorée avec son petit gazouillis et cela même en enclenchant le mode «
Cupra ».
Les deux se révèlent extrêmement nerveuses à l’attaque de la pédale de droite. L’Alpine se cabre et le Formentor arrache le tarmac avec sa traction intégrale. C’est d’ailleurs grâce à celle-ci que l’on arrive bien à contenir la cavalerie. Il suffit de débarquer et de mettre plein gaz pour être catapulté dans son siège sans pour autant égaler la force féroce de la Française.
Elle nargue l’Ibérique dès le premier freinage. Ils sont plus courts et placent le train avant en bonne situation pour pivoter sur lui-même. Si vous renvoyez les gaz trop tôt, son popotin tiendra à vous le faire savoir en commençant un torride flamenco. Sûre de sa force, l’
A110 S ne demande qu’à virevolter toute la nuit. La Cupra, elle, se contentera d’une dizaine de minutes sur la piste de danse avant de crier «
STOP ».
La soirée est finie…
Il nous faut rentrer au bercail. Fini la gaudriole !
Nous reprenons cependant les petites routes de campagnes et évitons les grands axes. Ici, les suspensions pilotées de la
Cupra gagnent en douceur. Elles gomment les soubresauts du bitume saccagé par les intempéries et le temps. Elle sait également être silencieuse, du moins largement plus que l’
Alpine qui continue à faire ses vocalises. Pour le confort, ce n’est pas vraiment idéal et ce ne sont pas ses suspensions trépignantes sur sol déformé qui amélioreront la chose.
On peut, dans les deux cas, profiter d’une belle chanson douce sur une bonne sono pour faire descendre la pression.