Essai Hyundai Inster : Très spéciale, mais est-elle dans le coup

Dès mon arrivée, j’aperçois l’Inster alignée au bord d’un trottoir, comme un explorateur miniature prêt à défier un territoire inconnu. Sous son gabarit compact se cache pourtant un véhicule qui ambitionne d’être plus qu’une voiture de poche, et qui promet même une autonomie remarquable pour ce segment. Alors, l’Inster va-t-elle tenir ses promesses ? Quelles surprises réserve-t-elle ? Avant de plonger au cœur des rues havraises, examinons de près sa fiche technique, son design et, surtout, ses prestations réelles au volant.

Inster : Un look de mini-SUV

Hyundai positionne l’Inster comme un A-segment sub-compact EV, autrement dit une micro-citadine électrique qui se donne des airs de SUV. Les lignes sont assez affirmées : on remarque des ailes proéminentes, un capot court, un pare-brise relativement droit et une ceinture de caisse qui s’élève vers l’arrière. Dans un marché où la Toyota Aygo X, majoritairement thermique, et la Dacia Spring, 100 % électrique, se disputent les rares acheteurs, Hyundai choisit de se démarquer par une silhouette plus robuste que celle d’une micro-citadine classique.

Le design extérieur intègre des signatures lumineuses à LED, à la fois à l’avant et à l’arrière. On note des optiques diurnes en pixel-graphic et un bandeau lumineux arrière plutôt marqué, susceptibles de donner à l’Inster une identité visuelle immédiatement reconnaissable. Autre détail notable : une peinture noire brillante obtenue à partir de pneus usagés recyclés. Hyundai met en avant sa démarche écoresponsable en remplaçant les pigments de carbone habituels par ces composants issus du recyclage, réduisant ainsi l’impact environnemental.

L’intérieur poursuit cette approche : des bouteilles en PET recyclées et du bio-polypropylène à base de canne à sucre composent en partie les revêtements. Visuellement, l’habitacle ne transpire pas le luxe ostentatoire, mais on y trouve un double écran de 10,25 pouces (l’un pour le combiné d’instrumentation, l’autre pour le multimédia) digne de segments supérieurs. Une console centrale compacte accueille également un chargeur sans fil, pour rester connecté en permanence.

Côté habitabilité, Hyundai annonce un espace plus généreux que la moyenne du segment. La banquette arrière est fractionnée 50/50, coulissante et inclinable, tandis que la première rangée bénéficie d’une conception « walk-through » : comprendre que l’on peut passer du siège conducteur au siège passager avant sans trop se contorsionner, pratique pour se garer dans une place étroite et sortir par l’autre porte. Les sièges se replient tous à plat, y compris le siège du conducteur — un atout de flexibilité pour les déménagements ou le transport d’objets volumineux.

Inster : Des points techniques qui rehaussent la barre

Là où cette Inster marque un grand coup, c’est dans son autonomie annoncée. Selon Hyundai, la version Long-Range (avec batterie de 49 kWh) peut parcourir jusqu’à 355 km (cycle WLTP) sur une seule charge. Voilà qui dépasse nettement les 230 à 240 km habituels des petites électriques concurrentes. Pour un usage urbain ou périurbain, cette capacité représente un confort réel : faire les trajets quotidiens, aller faire des courses, et même partir en week-end sans nécessairement avoir besoin de recharger chaque soir.

Deux configurations de batterie existent : une version 42 kWh en standard, puis la 49 kWh pour ceux qui veulent plus d’autonomie. Côté puissance, Hyundai propose un moteur unique sur chaque version, mais dont la puissance varie selon la batterie choisie. La déclinaison d’entrée de gamme annonce 97 ch, tandis que la Long-Range grimpe à 115 ch, avec un couple identique de 147 Nm.
Les performances restent modestes — on ne parle pas d’un SUV sportif, bien entendu — mais la puissance semble suffisante pour un usage quotidien. L’Inster met également en avant sa capacité de recharge rapide en courant continu (DC). Branchée à une borne DC en conditions optimales, la voiture peut passer de 10 % à 80 % de batterie en environ 30 minutes. De plus, un chargeur embarqué de 11 kW est fourni de série pour la recharge en courant alternatif (AC).
Hyundai a également pensé aux hivers rigoureux et aux variations de températures. L’Inster peut recevoir en option un système de pompe à chaleur pour limiter la perte d’autonomie lorsque le mercure descend, ainsi qu’un système de pré-conditionnement de la batterie. L’objectif est de maintenir des performances stables, été comme hiver.

Enfin, la marque se targue d’équiper ce petit véhicule d’un large éventail d’aides à la conduite (ADAS), regroupées sous l’appellation Hyundai SmartSense. Freinage d’urgence, maintien dans la voie, régulateur de vitesse adaptatif, surveillance des angles morts… On retrouve des fonctionnalités qui, il y a encore peu, étaient réservées aux segments supérieurs. C’est un signe que les attentes des clients évoluent même dans cette catégorie, où le confort et la sécurité ne sont plus de simples options.

Inster : Première prise en main dans les rues du Havre

Les clés en main, je quitte la zone de la gare pour m’enfoncer dans la ville. L’impression de départ est celle d’une grande facilité à bord. Le poste de conduite légèrement surélevé renforce le sentiment de dominer la route, un atout en milieu urbain. La direction, douce, rend les manœuvres peu contraignantes. Dans la circulation matinale, l’Inster se faufile avec aisance grâce à son empattement compact.

Je longe l’avenue Foch, où s’alignent les immeubles conçus par Auguste Perret après-guerre. Le style rectiligne et bétonné du Havre accentue un paysage presque cinématographique. Je remarque le silence de fonctionnement du moteur électrique et la progressivité de l’accélération. Quand le feu passe au vert, l’Inster démarre sans secousse, profitant du couple disponible immédiatement.
En m’approchant de la Place de l’Hôtel de Ville, je tente quelques créneaux pour mettre à l’épreuve la caméra de recul et la détection d’obstacles. Les signaux sonores se déclenchent de façon mesurée, sans être intrusifs. La visibilité globale est correcte, bien aidée par la vitre arrière presque verticale.
Mon itinéraire m’amène ensuite vers le front de mer. À la sortie du centre-ville, j’emprunte une portion de voie plus rapide. L’Inster monte sans difficulté jusqu’à 90 ou 110 km/h, toujours dans un confort sonore appréciable pour ce type de gabarit. À ces vitesses, on sent évidemment que l’on ne pilote pas un grand SUV, mais l’auto reste stable même lorsqu’un vent latéral se lève. Hyundai semble avoir soigné l’aérodynamique, un paramètre crucial pour optimiser l’autonomie.

En arrivant près du port, je stationne quelques instants pour inspecter la modularité. Je rabats le siège passager avant, puis le siège conducteur, vérifiant que tous peuvent se mettre à plat. C’est effectivement possible : la voiture se transforme en un espace suffisamment long pour glisser des objets encombrants. Cette flexibilité rappelle l’époque de la première Twingo, pensée pour offrir mille astuces dans un si petit volume. Hyundai joue la carte de la polyvalence sur un créneau où la place est comptée.

Inster : Performances, consommation et ressenti général

Toujours dans les environs du Havre, je profite d’une route secondaire pour tester les reprises. Avec la version Long-Range d’environ 115 ch, les accélérations sont cohérentes pour un véhicule de ce poids et de cette taille. On ne ressent pas de creux à l’accélération, et la relance de 50 à 80 km/h se fait en douceur. Pour doubler un camion lent ou s’insérer sur un échangeur, c’est largement suffisant.

Côté consommation, il est encore tôt pour tirer une moyenne définitive : le test ne dure qu’une journée. Cependant, l’ordinateur de bord affiche une valeur proche de 15 kWh/100 km sur les parcours mêlant ville et périurbain. Dans de bonnes conditions météo (température clémente, vent modéré), ce chiffre permet d’imaginer couvrir des distances très honorables sans avoir à brancher l’auto tous les soirs. Il faudra vérifier si, en plein hiver, l’usage du chauffage et la densité du trafic urbain n’alourdissent pas ce bilan.

Pour ceux qui craignent de tomber en panne sur la route, la navigation embarquée signale l’emplacement des bornes de recharge. L’Inster peut même gérer la préchauffe de la batterie à l’approche d’un chargeur rapide afin d’optimiser le temps de branchement. Et si l’on ne trouve pas de borne publique, la recharge sur une prise domestique restera envisageable, avec un temps de charge évidemment plus long.

La suite de ma boucle me mène à travers quelques rues bordées d’entrepôts et de chantiers navals. C’est l’occasion de se confronter à des revêtements parfois dégradés. Là encore, la suspension filtre convenablement les irrégularités, même si le format ultra-compact fait qu’on ne peut pas s’attendre au moelleux d’une berline. Dans les virages serrés, le roulis demeure limité. L’Inster se défend mieux que certaines citadines trop mollassonnes, sans pour autant donner une impression de raideur.