Il y a deux ans, Peugeot nous présentait une 308 radicale. Forte d'une puissance de 270 chevaux et d'un look ultra agressif, elle avait mis notre rédaction dans tous ses états. Mais après avoir salivé avec ce concept-car, le catalogue de la compacte de Sochaux restait désespérément plat et vide. Et ce n'était pas la " petite " 308 GT armée de 200 chevaux qui pouvait rivaliser avec ses concurrentes disposant d'une cavalerie proche de 300 pur-sang. à la rédaction, nous commencions à craindre une mise au placard du projet pour raisons économiques. Mais aujourd'hui, on sait que Peugeot en gardait sous le pied, grâce à la présentation de sa descendante : la 308 GTi !
Deux années d’attente, c’est long ! Mais Peugeot m’a donné rendez-vous au Portugal, plus précisément dans la région de Porto, pour prendre le « petit » volant de cette toute nouvelle 308 GTi. Après un parcours de 350 km mêlant ville et routes, les gens de Peugeot Sport m’ouvriront les portes du circuit de Vasco Sameiro, situé aux abords de la ville de Braga, pour une matinée qui poussera jusque dans ses ultimes retranchements le nouveau fauve made by Peugeot Sport.
308 GTi : Mi-ange, mi-démon !
La
308 GTi est juste devant moi. De prime abord, je n’ai pas l’impression de faire face à une compacte dévoreuse d’asphalte. Mais au bout de quelques secondes, je prends conscience de l’ampleur du travail des designers. Le bouclier avant est plus généreux, les projecteurs Full LED encadrent une calandre tramée par une grille en damiers à la finition noir brillant. Juste en dessous, la bouche d’aération s’élargit pour mieux gaver d’air le gros turbocompresseur du moteur. Deux déflecteurs complètent le style du pare-chocs et contribuent à lui offrir ce petit look sportif.
Mon regard continue son parcours sur le profil. Ses grandes et magnifiques jantes de 19 pouces, ses élargisseurs de bas de caisse et ses flancs expressifs m’emmènent sur la fameuse « coupe franche » qui abandonne le rouge métallisé pour un noir intense. Je passe à la poupe et tout d’un coup l’auto se révèle ! Plus question ici de faire la gentille bourgeoise. Avec son postérieur massif et horizontal, son extracteur d’air noir laqué intégrant deux généreuses canules d’échappement, elle est comme posée au sol. Si cela ne suffisait pas pour démontrer ses ambitions de sportive, la mythique signature
GTi est apposée à la droite du hayon.
J’entre dans l’habitacle de la nouvelle 308 GTi.
Pas de grosse surprise. La
308 GTi reprend le système i-cockpit de la gamme qui élimine une majorité de boutons, pour centraliser les commandes sur l’écran du GPS. En revanche, les sièges se muent en baquets, le cuir noir surpiqué en rouge recouvre un maximum de surface et le volant réduit à sa taille minimum gagne un témoin central, à la façon d’une voiture de rallye. Tout cela respire le luxe et le sport !
Les entrailles de la 308 GTi.
Sous le capot, les ingénieurs motoristes de
Peugeot Sport, nous ont concocté un véritable moteur de « compet » en utilisant un petit 4 cylindres de 1,6 litre. Gavé par un gros turbocompresseur, il développe
270 chevaux à 6 000 tr/min pour un couple de 330 Nm disponible dès 1 900 tr/min. L’autre prouesse technique des ingés Peugeot est la masse de l’auto avec les pleins. Annoncée à 1 205 kilos, la
308 GTi devient, avec un rapport poids/puissance de 4,46, la nouvelle référence du segment. De quoi annoncer une vitesse de pointe de 250 km/h et un top 100 en 6 secondes.
Dr Jekyll...
Il est temps pour moi d’appuyer sur le bouton Start. Les petites routes pavées de la ville portugaise seront franchies sans faire souffrir mes lombaires. Les suspensions filtrent relativement bien les bosses et autres plaques d’égout. Le moteur, souple et rond à bas régime, offre une conduite apaisée. L’insonorisation de bonne facture me coupe des travaux de la chaussée et me permet de profiter d’une sono efficace. Les sièges baquets apportent un excellent soutien, tout en offrant un petit moelleux agréable. En sortant de la ville, une question me taraude. Suis-je bien dans une sportive ?
Mr Hyde !
La chaussée s’ouvre ! La cavalerie va enfin pouvoir s’exprimer sur les petites routes de montagne. Les virages s’enchaînent et l’auto commence à se transformer. J’augmente petit à petit le rythme et découvre enfin le monstre caché sous cette belle carrosserie. Alors que le moteur est souple et docile jusqu’à 3 500 tr/min, il s’affranchit de sa bonne éducation passé cette limite pour attaquer la zone rouge, tel un vampire assoiffé de sang. Chaque pression sur la pédale de droite libère le fauve dans des vocalises rauques, rythmées par les sifflements du turbo. La lionne bondit de virage en virage, s’accrochant au bitume de toutes ses griffes ! Quant au freinage Brembo : c’est juste puissant et endurant.
Un tempérament diabolique qui se confirmera dès les premiers mètres du circuit de Braga, véritable terrain de jeu de cette prise en main. L’ESP coupé, la 308 GTI ne demande qu’à enrouler les virages serrés. Le train arrière soudé au tarmac oblige l’avant à faire des miracles. Ce qu’il fait sans aucune difficulté ! La combinaison châssis, amortisseurs, différentiel autobloquant Torsen et les pneus Michelin travaillent de concert pour scotcher la lionne au goudron. Bref, ça colle au sol et ça vit entre les mains…
Conclusion:
Dédoublement de personnalité !
Cette nouvelle Peugeot 308 GTi est atteinte de schizophrénie ! En un coup de pédale d’accélération, la gentille compacte bien faite et confortable, se soumet au contrôle d’une force démoniaque qui la transforme en monstre de la route capable d’engloutir, sous ses féroces dents, n’importe quelle Teutonne qui passe. Un effet qui s’observe également sur le portefeuille. D’un petit 7,5 litres de moyenne, elle passe en un clin d’œil à plus de 14 litres. De plus, en prendre le volant, c’est risquer d’être la cible du complot des petits hommes en bleu qui traînent sur les bas-côtés. Si vous franchissez le pas des
37 200 € que demande la marque… Ne venez pas vous plaindre !
Bien vu :- Confortable et Performante
- Vivable tous les jours
- Une adhérence extrême
À revoir :- La face avant trop sage
- Il manque le frein à main
- Le châssis encaisserait bien plus de chevaux
Phtotos : Etienne Rovillé
Performance