Goodyear aux 24h du Mans : tête à tête entre deux rugissements de moteurs.

Si le fabricant de pneus Michelin peut s’enorgueillir d’équiper les voitures de la catégorie reine, il ne faut pas pour autant oublier Goodyear qui a la responsabilité d’équiper en pneumatique les 2 autres catégories tout autant importantes, que sont LMP2 et GT3. Et pour mieux comprendre ce que fait Goodyear dans le sport automobile, on a fait connaissance avec Matthias Kipp, responsable du sport automobile chez Goodyear EMEA.

Bonjour Matthias! Afin de mieux te connaître, peux-tu nous dire qui tu es et nous décrire ton parcours ?

Je m’appelle Matthias Kipp, je suis le directeur des activités compétitions pour Goodyear en Europe.

Cela fait 19 ans que j’ai intégré Goodyear, en ayant cheminé par différents départements, à commencer par la moto étant donné que je suis un passionné.

Ensuite j'ai suivi un chemin commercial puis je suis rentré dans la compétition il y a 10 ans, notamment grâce au fait que j’ai été aussi compétiteur moi-même en moto dans le passé en ayant eu la chance de participer aux championnats du monde d'endurance moto pendant quelques années de l'année de 2010 à 2014.


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Que représente la logistique sur un tel évènement, pour la marque?

C’est une organisation majeure pour nous. On voit les pneus pendant la course mais il faut se dire que les partenaires qui sont nos teams, sont également nos clients.

De ce fait, il est impératif de leur apporter un service qui est au top, permettant notamment d'avoir une fluidité de montage de pneus afin d’éviter des éventuels blocages pendant les essais, la course…

Ici, l’opérationnel est essentiel pour une course comme celle des 24h du Mans avec cette année 41 voitures, ce qui représente près de 8000 pneus sur place. Ça nous a demandé 21 camions pour venir ici et environ une centaine de personnes incluant les opérations de montage, mais également les ingénieurs.

C'est un évènement qui se prépare très longtemps à l'avance et je ne te cache pas qu'à partir de mardi prochain, on va commencer à préparer l'année d’après, en analysant les feedback de tout ce qui s'est passé ici, où est-ce qu'il y a eu des blocages, quels sont les points d’amélioration.


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Est-ce pour autant comparable avec le Nascar, sur lequel vous êtes présents?

C'est différent parce qu’en endurance (en Europe), on a encore l'habitude d'avoir le montage de pneus fait sur place sur place à l'évènement, c'est-à-dire que les teams viennent avec leurs jantes et nous faisons le montage sur place.

En Nascar le schéma assez différent parce que les gens et les teams envoient les jantes auprès des opérateurs de montage dans des entrepôts et les jantes sont alors pré montées.

De plus, en Nascar, ils ne conduisent pas sur piste mouillé donc il n’y a pas ce besoin de changement de type de pneu.


Comment se prépare alors une nouvelle saison?

Nous allons commencer à travailler sur les opérations de planification d'évènements pour l'année prochaine en faisant des scénarios.

D'un point de vue développement du pneumatique lui-même, notre feuille de route est déjà prévue sur les différentes catégories en LMP2 et GT3, en fonction de comment les pneus ont fonctionné pendant les évènements précédents. Les ingénieurs récupèrent toutes les datas de roulage, les caractéristiques, les conditions dans lesquelles le pneu a fonctionné et on voit si la feuille de route tient encore ou s’il faut la raccourcir comme l’étendre.

Celle-ci peut être accélérée en fonction des opportunités ou également de matériaux que l’on va découvrir comme des conditions qui peuvent changer quelque chose.

On voit également beaucoup plus de courses avec des températures moyennes qui s'élèvent et ça a un impact effectivement sur l'utilisation du pneu, sans parler de potentiellement changements sur les revêtement des circuits qui changent et pour lesquels nous ne sommes pas toujours au courant en amont.


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Peut-on s’attendre à voir certaines innovations issues de la compétition, sur des pneus de route?

Oui bien sur, au niveau des matériaux qui compose le pneu. Il y a un élément qui est qui est assez similaire sur nos pneus, c'est la gomme qui est développée en LM GT3 et le fait d’être en Endurance, nous permet de développer un gomme alliant performance, longévité et durabilité.

Il y a une bonne partie de la gomme du Eagle F1 Superport RS lancé il y a trois ans, qui est aujourd'hui en première montre sur la GT3 RS qui est dérivé du pneu de GT3 RS.


Le Nascar permet-il également d’apporter certaines innovations ou est-ce uniquement lié à l’Endurance?

C’est vraiment l’Endurance. Le Nascar a une caractéristique très différente et également au développement. On a vraiment deux centres de développement différents qui ont des approches différentes aujourd'hui pour la partie Nascar et pour la partie Endurance.


Vous fournissez les pneumatiques pour les catégories GT3 et LMP2, que faudrait-il pour que vous puissiez équiper à terme la catégorie reine?

Il faut continuer à travailler et être présent sur les cycles d’appels d’offres. Il faut voir ce qui est réalisable. En tout cas, on est à l’affût des opportunités et on verra en fonction du cahier des charges qui sera donné par les régulateurs.


Est-ce que la FIA peut vous “juger” sur la qualité des pneumatiques fournis?

Nous sommes en relation permanente avec la FIA et le département technique de l’ACO pour échanger sur le fonctionnement des pneumatiques et l'équilibre avec les teams / différents constructeurs et nous devons au moins répondre à 2 critères bien précis.

Aujourd'hui il faut savoir qu’en LMGT3, on a une spécification pour une multitude de châssis différents (moteur central, avant, arrière…) avec des répartitions de masse complètement différentes et notre pneu doit être très versatile et pouvoir s'adapter sur tout ces châssis.

Pour le deuxième critère, c’était de pouvoir faire au moins des doubles relais avec les pneus. Pour l'instant nous cochons toutes les cases et je pense que tout le monde en est très content.


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Il y avait une voiture du Nascar qui avait couru au 24h du Mans 2023. Comment ce projet s’est-il mis en place?

C’était un accord entre l’IMSA, Hendricks, Goodyear et l’ACO pour pouvoir ramener la Nascar pour le centenaire des 24 heures du Mans.

Comme tout projet, ça a pris du temps à se mettre en place notamment sur le développement de la voiture. Il faut savoir que les voitures Nascar sont structurellement complètement différentes d'une voiture d’ici, qui roulent sur des ovales avec peu d’aéro dessus.

Il y a eu énormément de testing de fait aux États-Unis et notamment sur des circuits GP, aussi bien avec Hendrick pour développer la voiture et nous en parallèle pour développer les pneus. Au final, le projet était un succès pour tout le monde, je pense qu'on a tous eu des bons retours. Aujourd'hui c’est encore un succès car la voiture est exposé dans le village.

Sait-on jamais, peut être qu’elle reviendra un jour.


L'inverse peut-il se produire à l’avenir, à savoir amener une voiture d’Endurance au Nascar ?

Pourquoi pas (rires)! Là, je laisse Pierre Fillon, les régulateurs parler avec John Doonan et l’IMSA!


Quel type d’effort faut-il mettre pour développer des pneus de compétitions?

C'est un effort à deux niveaux : c’est un effort marketing et un effort technologique. Nous utilisons la compétition comme une vitrine pour développer des pneus, développer des technologies puis les transférer.

La plate-forme Endurance aujourd'hui en Europe avec le WEC est une super plate-forme à succès avec tout ces constructeurs faisant parti de cette aventure et pour laquelle Goodyear participe.


Quelles sont les valeurs que la marque essaye de promouvoir par rapport à votre état d’esprit, vos produits?

Il y en a trois principalement : innovation, durabilité mais également énergie positive - dynamisme.


Les revenus tirés du WEC sont-ils au même niveau que ceux du Nascar?

Ce n’est pas comparable, car on parle à une clientèle différente aujourd’hui. Pour nous c’est complémentaire et les 24 heures du monde sont la cerise sur le gâteau en Endurance. Il y a le championnat Nord-Américain sur lequel nous ne sommes pas présents mais nous avons la plate-forme NASCAR qui est là-bas cette discipline faisant partie d'un état d'esprit dans une culture américaine, qui est très profond. Le championnat du monde d'Endurance nous permet alors de toucher tous les autres pays du monde avec une approche différente : au final ce sont deux aspects différents qui sont, pour nous, complémentaires.

Le mot de la fin?

Aujourd'hui on est aussi dans une une toute nouvelle dynamique de marque où Goodyear a pris une direction avec différentes stratégies, une direction de redevenir numéro un dans le pneu et en service.

Conclusion:

Merci pour tout Matthias, en te souhaitant une excellente continuation (ainsi qu’à Judith).

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