Il est six heures du matin sur les docks du Havre. L'air est chargé d'une humidité marine qui s'insinue jusque dans les os. Devant nous, une silhouette massive se détache à travers la brume : le Hyundai IONIQ 9, fraîchement débarqué des entrailles d’un cargo coréen. Ses proportions sont imposantes, et même stationné là, immobile sur le bitume détrempé, il en impose. Trois rangées de sièges, une batterie gigantesque, une autonomie annoncée de plus de 600 km, et une promesse : celle de transporter familles, bagages et ego dans un cocon électrique, sans un bruit, sans une vibration.
IONIQ 9 : Un tour du propriétaire
En s’approchant, difficile de ne pas être intrigué par son design. Hyundai parle de «
fluidité aérodynamique », nous, on y voit un paquebot électrifié, mais sans la cheminée. Les optiques avant jouent la carte du pixel paramétrique, un clin d’œil futuriste, pendant que la ligne de toit légèrement courbée tente de donner un semblant de dynamisme à cet engin de plus de cinq mètres. La poupe, massive, adopte une signature lumineuse horizontale, soulignant l’embonpoint assumé du véhicule. Ce n’est pas vilain, mais ce n’est pas non plus ce qu’on qualifierait de subtil.
IONIQ 9: une salle de séjour sur roues
L’ouverture des portes révèle un intérieur que
Hyundai qualifie de «
lounge ». Dans la vraie vie, on a plutôt l’impression d’entrer dans un showroom de mobilier scandinave. Tout est épuré, tout est clair, et surtout, tout est grand. Le plancher plat accentue encore cette sensation d’espace, et les sièges massants de la première et de la deuxième rangée promettent de longues siestes sur les aires d’autoroute. La troisième rangée ? Un purgatoire plus ou moins acceptable selon la taille des passagers, mais qui a le mérite d’exister.
Côté modularité, la console centrale bidirectionnelle permet de circuler librement entre le conducteur et le passager avant, et le volume du coffre varie entre
620 litres en configuration sept places et 1323 litres une fois la dernière rangée rabattue. Un frunk (coffre avant) est également disponible, mais sa taille dépend de la version choisie : 88 litres pour la propulsion, seulement
52 litres pour la transmission intégrale. De quoi y loger quelques câbles de recharge et peut-être une paire de chaussures de rechange.
IONIQ 9 : un concentré de boutons virtuels
Les écrans panoramiques trônent sur la planche de bord comme un autel dédié au numérique. Deux dalles de 12 pouces, regroupant instrumentation et infotainment, donnent accès à une myriade de fonctionnalités, dont le fameux assistant
IA Hyundai, capable de répondre à vos demandes vocales et de s’illuminer de points verts pour indiquer l’état de charge. Les ports USB-C haute puissance disséminés sur toutes les rangées garantissent que personne ne tombera à court de batterie… sauf le véhicule, si l’on ne prend pas garde.
La sécurité n’est pas en reste avec tout l’arsenal
ADAS moderne : freinage d’urgence autonome, maintien de voie, surveillance des angles morts, alerte de trafic arrière… Bref, un copilote virtuel qui veille au grain et qui risque de rappeler à certains conducteurs que prendre un rond-point à la corde n’est pas toujours une bonne idée.
IONIQ 9 : Électrique jusqu’au bout des pixels
Sous cette silhouette imposante, l’
IONIQ 9 repose sur la plateforme E-GMP, partagée avec l’
IONIQ 5 et
6. Ici, Hyundai a fait les choses en grand : batterie de 110,3 kWh, architecture 800V pour des recharges ultra-rapides, et plusieurs configurations de motorisation. En propulsion, un moteur de
160 kW anime l’essieu arrière. En version transmission intégrale, un second moteur de
70 kW vient prêter main-forte à l’avant. Enfin, la version Performance pousse la
puissance totale à 435 ch, catapultant cet engin de
2,5 tonnes de 0 à 100 km/h en 5,2 secondes.
L’
autonomie annoncée atteint 620 km en version propulsion avec les jantes de 19 pouces. Comptez un peu moins si vous optez pour des modèles de 20 ou 21 pouces, la résistance au roulement n’étant pas une alliée des longs trajets. En matière de recharge, la batterie peut passer de 10 à 80 % en seulement 24 minutes sur une borne 350 kW. En revanche, sur une prise domestique standard, le week-end risque d’être bien long.
Conclusion:
IONIQ 9 : Une première prise en main… avortée
Tout était prêt pour une première mise en mouvement. La clé en main, un pied dans l’habitacle, l’excitation d’un premier contact avec ce mastodonte électrique… Et puis, surgissant de nulle part, un
G.O. Hyundai visiblement essoufflé, le regard paniqué, arrachant les clés comme si nous nous apprêtions à braquer un casino. Explication : ce modèle est une présérie américaine, non homologué pour rouler sur nos routes européennes. Un détail car nous aurions aimé filert silencieusement vers les autoroutes normandes.
Il faudra donc patienter jusqu’au printemps pour un véritable essai routier. D’ici là, on se contentera d’imaginer ce que donneront ces trois rangées de sièges sur bitume, en espérant que ce
IONIQ 9 soit aussi confortable qu’il en a l’air et qu’il ne se transforme pas en monolithe électrique en quête d’une borne de recharge.
Rendez-vous donc dans quelques mois pour le verdict final. En attendant, on repart du Havre les mains vides, mais la tête pleine d’interrogations. Et surtout, une promesse : la prochaine fois, on vérifie deux fois la plaque d’immatriculation avant de tourner la clé.
Performance